Vue frontale de l’Hôtel de Ville, cette toile attribuée à Louis Vivin retient par une écriture sobre : contours affirmés, façades construites « pierre à pierre », rivière réduite à une bande continue, figures posées sans anecdote. Le grand format, peu courant dans la veine naïve, donne au motif une stabilité qui privilégie la lisibilité sur l’effet, comme une image tenue à distance pour mieux en dégager l’architecture.
L’œuvre se situe à la lisière des « primitifs modernes » encouragés par Wilhelm Uhde : un regard non académique, informé par l’imagerie vernaculaire (cartes postales), qui organise l’espace en plans superposés et refuse l’illusion atmosphérique. Elle dialogue en sourdine avec Rousseau (l’architecture comme scène) et, par le sujet urbain, avec Utrillo, tout en s’en écartant par une topographie volontairement régulière.
Le contexte historique ajoute une couche de lecture. L’Hôtel de Ville, reconstruit entre 1874 et 1882 après l’incendie de 1871, devient un emblème de la IIIᵉ République et de ses usages civiques. La péniche portant « Compagnie des Bateaux-Express » ancre la vue dans les années 1883–1886, au moment où le transport fluvial de passagers structure encore la ville, avant l’essor tramway-métro. La réalisation, vraisemblablement tardive (fin des années 1920), condense ainsi deux temporalités : mémoire d’un Paris fin-de-siècle et geste d’entre-deux-guerres. De cette tension naît l’intérêt du sujet, à la fois document d’une culture visuelle partagée et image stable d’un Paris républicain.
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