Étude pour la figure de l’Europe (1787-1792) prépare le grand décor allégorique d’Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier, L’Esprit du Commerce (Musée des Beaux-Arts de Rouen). Commandée par les Le Couteulx, cette feuille naît au cœur du néoclassicisme et des Lumières : primat du dessin, retour à l’antique, foi dans le commerce pacificateur. L’Europe, assise en majesté, n’y domine pas : elle ordonne et protège les échanges entre continents. Caducée, cornes d’abondance et « trésors d’Asie » composent un vocabulaire savant que Lemonnier module avec une économie de moyens exemplaire. L’étude reflète aussi les circulations d’idées entre Paris et l’Atlantique (Franklin, loge des Neuf Sœurs) et la vocation civique de l’allégorie à la veille de 1789.
Intérêt historique et artistique : par sa technique virtuose et la clarté de son programme, la feuille condense les enjeux du néoclassicisme français (en dialogue avec David, Vincent, Greuze) tout en s’inscrivant dans l’iconologie du commerce (figure de Mercure, prospérité partagée). Diffusée par la gravure de Jean-Charles Levasseur, l’invention participe aux réseaux d’échanges d’images et d’idées.
Pièce rare et de référence : l’installation de la grande toile au Palais des Consuls en 1792, puis la destruction, en 1944, de la version monumentale de la Chambre de commerce confèrent à cette étude la valeur d’un témoignage unique d’un manifeste civique rouennais. Elle fixe, avec une précision souveraine, l’image d’une Europe gardienne des équilibres et conserve la mémoire d’un moment décisif de notre histoire économique et artistique.
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