Cette feuille rare concentre l’essentiel de la recherche de Jacques Démoulin : une écriture cubiste rigoureuse (plans fragmentés, lignes brisées, volumes emboîtés) mise au service d’un motif fortement chargé, le taureau/Minotaure, si présent chez Picasso. Par la seule économie du noir et du blanc, l’artiste déconstruit puis recompose la figure en un réseau d’axes et de facettes, faisant dialoguer archaïsme et modernité. L’œuvre s’inscrit au cœur des grands mouvements du XXᵉ siècle — Cubisme, puis néo-cubisme et transitions vers l’abstraction — tout en conservant la marque personnelle d’un créateur formé à Paris, familier des avant-gardes et nourri par sa carrière de danseur (Ballets russes, Opéra de Paris sous Lifar), d’où un sens singulier du rythme et du mouvement.
Son intérêt historique tient aussi aux circulations d’idées qui jalonnent la trajectoire de Démoulin : fréquentation des milieux de l’avant-garde, regard porté sur les gravures mégalithiques de Gavrinis (dès 1953) dont l’idéographie sobre affleure ici dans la puissance du trait. À la croisée de Picasso, Braque, Gris ou Léger, la feuille ne copie pas : elle condense, dans un idiome propre, l’ambition cubiste de penser la figure par la structure.
Témoignage unique d’un dialogue entre mythe et modernité, cette encre fixe un moment charnière de l’art français : la réactivation d’un symbole antique par les moyens d’une modernité plastique maîtrisée. Œuvre de collection, elle éclaire la postérité d’un « génie discret » et documente, avec une force rare, la vivacité du cubisme graphique au-delà de son âge héroïque.
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