Feuille « prise sur le vif », ce dessin capture la gabare La Zélée au moment d’un virement de bord avec une exactitude opératoire rare. Héritier de la tradition embarquée où la véracité prime, il s’inscrit au croisement du néoclassicisme tardif (mesure, stabilité de l’horizon) et du romantisme naissant (énergie du mouvement), en dialogue avec Vernet, Garneray, Crépin et Gudin, tout en rejoignant la veine technique d’Ozanne et de François-Edmond Pâris. La composition séquentielle, qui décompose la manœuvre comme un diagramme, offre un regard professionnel sur la mâture, la coque et le réglage des voiles — sans pittoresque superflu.
Sur le plan historique, La Zélée (classe « Écurie », lancée en 1812) est appelée à jouer un rôle majeur dans la campagne antarctique (1837–1840) menée avec L’Astrolabe sous Dumont d’Urville et Jacquinot. Or, avant les lithographies de Louis Le Breton, les témoignages visuels du bâtiment sont quasi inexistants : cette feuille constitue ainsi un témoignage unique, antérieur ou parallèle à l’iconographie canonique.
Œuvre d’étude et source de première main, elle comble une lacune documentaire et se prête idéalement à des accrochages “arts & sciences” ou “explorations”. Par son économie de moyens et sa rigueur, elle illustre la rencontre, au début du XIXe siècle, entre culture visuelle de la Marine et ambitions scientifiques — un document d’une rareté exceptionnelle.
Une notice est disponible sur demande.