Attribuée à Alexandre Benoît Jean Dufay, dit Casanova (1770–1844), cette huile sur toile pliée puis marouflée sur panneau reprend de façon satirique le Sacre de Napoléon d’après David. Par la déformation des visages, la raideur des silhouettes et l’amplification des gestes, l’œuvre transforme l’icône d’État en contre-image. Témoignage unique : non une estampe, mais une parodie peinte du grand genre, née au cœur des pratiques d’atelier.
Datable du premier tiers du XIXᵉ siècle, le tableau se situe au croisement du néoclassicisme tardif (discipline de la ligne, ordonnance) et des ferments romantiques (dramatisation, subjectivité du trait), tout en dialoguant avec la culture européenne de la caricature. Autour de Dufay gravitent Gérard, Girodet, Ingres et Gros : la peinture ne s’y oppose pas, elle les met en perspective en révélant les mécanismes de la représentation du pouvoir.
Son histoire matérielle – plis anciens « mémorisés » dans la couche picturale, marouflage suggérant un usage discret – renforce l’hypothèse d’une circulation confidentielle sous l’Empire ou la Restauration. La pièce éclaire ainsi la tension entre propagande et critique, entre image officielle et regard d’atelier.
Pour un musée comme pour un collectionneur, l’intérêt est double : document d’histoire visuelle napoléonienne et objet d’étude sur la satire peinte, très rare. Un jalon précieux pour comprendre comment, au XIXᵉ siècle, la peinture d’histoire a pu engendrer sa propre lecture critique.
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