Renée André (act. années 1920)
Un voilier doublant un cap — Aquarelle, 33 × 24,5 cm
Cette aquarelle saisit l’instant décisif où un sloop New York 30 « double » la pointe rocheuse de Watch Hill / Napatree Point (Rhode Island), au seuil du Long Island Sound. Le gréement bermudien, le foc amuré sur bout-dehors et la coque très basse sur l’eau confirment l’identification d’une classe emblématique du yachting américain. Lavis précis, réserves du papier et palette de bleus grisés, verts d’eau, ocres ferrugineux — véritables « couleurs de communauté » partagées par marins, affichistes et aquarellistes — installent une évidence visuelle sans effet superflu.
L’intérêt historique est majeur : une femme peintre choisit non la vue de port mais l’instant technique de la manœuvre d’un yacht de haute performance — fait rarissime vers 1920. L’œuvre se situe au croisement des modernités : héritage impressionniste pour la lumière (Boudin, Signac), liberté fauve de la ligne (Dufy), « retour à l’ordre » pour la structure ; côté américain, énergie aquarellée du cercle de Stieglitz (John Marin), monumentalité épurée de Rockwell Kent, géométrie précisionniste (Sheeler) et réalisme urbain de l’Ashcan School. Elle témoigne aussi de la codification née des yacht clubs (NYYC, Larchmont, Seawanhaka) qui ont imposé silhouettes et rituels du yachting moderne.
Par sa justesse formelle et son sujet, cette feuille constitue un témoignage unique : rare inscription d’une artiste dans l’iconographie du yachting nord-américain, document précis sur une classe mythique et pièce d’une modernité transatlantique où l’aquarelle devient œuvre à part entière. Œuvre de collection, elle éclaire un chapitre encore lacunaire de l’histoire de l’art des années 1920.
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