Feuille néo-classique d’une grande élégance : à la pierre noire, un Mercure juvénile tend à Psyché la coupe d’immortalité, d’après une invention raphaélesque connue par les fresques du Vatican. La ligne continue, les estompes maîtrisées et le canon régulier résument l’idéal vers 1800 : clarté, mesure, lisibilité morale. Cette esthétique, diffusée par la gravure et par l’enseignement académique, trouve ici une traduction rare sur papier, à mi-chemin entre étude et œuvre autonome.
L’intérêt historique est majeur. Au tournant des XVIIIe–XIXe siècles, la redécouverte de Raphaël devient un véritable programme : l’Italie napoléonienne réforme ses institutions, les musées se constituent, le Grand Tour alimente la demande de modèles exemplaires. Dans ce contexte, le dessin “d’après” — maître → estampe → feuille — documente la fabrique du goût public. Notre Mercure, proche des sensibilités de Bartolozzi et du cercle d’Angelica Kauffmann, dialogue avec Canova, Appiani ou Giani par la primauté de la ligne et du contour.
Témoignage unique par sa qualité et son sujet, cette feuille condense la modernité néo-classique italienne : un mythe épuré, un corps idéal, un geste lisible qui dit l’immortalité de l’art autant que celle de Psyché. Rares sont les dessins de cette époque à offrir, avec autant de sobriété, une synthèse aussi parlante entre Raphaël, l’Antique et la pédagogie des académies. Notice complète et comparaisons muséales disponibles sur demande.