Saint Philippe du Roule, 1842

Cette aquarelle monogrammée FM et datée 1842 constitue un témoignage rare de l’église Saint-Philippe-du-Roule dans son état originel, tel que l’avait conçue Jean-François Chalgrin à la fin du XVIIIᵉ siècle. Représentée frontalement, la façade sobre à portique dorique et fronton triangulaire s’impose dans toute sa clarté néoclassique. Plusieurs traits de construction, volontairement laissés apparents, soulignent l’approche analytique de l’auteur : sans doute un architecte ou un praticien formé dans l’esprit de l’École des beaux-arts, plus soucieux de rigueur que de pittoresque.
La date est capitale : trois ans plus tard, l’architecte de la Ville, Étienne-Hippolyte Godde, engagea une vaste campagne d’agrandissement (1845-46), ouvrant un déambulatoire et une chapelle axiale de la Vierge. Ce dessin fixe donc un état disparu, antérieur à toute transformation, et prend valeur de document.
Le contexte urbain accentue encore son intérêt. Au début des années 1840, le quartier du Roule connaît de profonds bouleversements : lotissement des jardins Beaujon, construction d’hôtels particuliers, monumentalisation des Champs-Élysées, tandis qu’au sud la Madeleine s’achève enfin. En décembre 1840, le cortège du retour des cendres de Napoléon traverse l’avenue voisine, consacrant le rôle symbolique de ce secteur dans la capitale.
Par sa précision et son caractère d’étude, cette feuille s’impose comme un témoin historique d’une grande valeur, à la croisée de l’histoire de l’architecture et de celle de Paris. Elle illustre de manière exemplaire le souci du XIXᵉ siècle de consigner l’existant avant la métamorphose urbaine.

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