Miniature de portrait d'une dame portant un manteau marron doublé de fourrure, orné de rubans b

Aquarelle sur ivoire (numéro de licence : 6M9Z7BWV)

Inscription au verso : « Hubert Drouais / nach (?) / Jean Marc Nattier / d.J. / 17.3.1685 Paris … 1766 / Mme des Comminges »

Format ovale, hauteur : 45 mm

Provenance :

Collection privée, France.

L'inscription au verso de cette miniature a permis, par le passé, d'identifier la dame représentée comme étant Madame des Comminges. Cette identification présente toutefois des lacunes : la Madame des Comminges la plus connue de cette époque serait Madame de Tencin, également connue sous le nom de Madame des Comminges (1789-1845). Compte tenu de ses dates, il est impossible que ce portrait la représente. D'autres Madame des Comminges auraient été vivantes et auraient eu l'âge requis dans les années 1760. Cependant, aucun autre portrait de ces artistes n'existe, ce qui rend leur identification difficile. Il est également probable que cette inscription soit postérieure et ait induit une confusion entre cette miniature et une autre, appartenant à la collection de Leo Schidlof. Un portrait attribué à Drouais, représentant Madame des Comminges, fut vendu par Schidlof en 1921, bien que la miniature reproduite dans le catalogue ne soit pas identique à l'œuvre présentée ici. On observe certaines similitudes au niveau des visages, mais la qualité de la reproduction est trop faible pour permettre de tirer des conclusions. De plus, la mention de Nattier est trompeuse, car aucun portrait de Madame des Comminges n'est connu de sa main.

Néanmoins, le style de cette miniature permet de l'attribuer à Drouais. Il était le père de François Hubert Drouais (1727-1775), célèbre pour ses portraits en pied, dont celui de Madame de Pompadour, conservé à la National Gallery de Londres [1]. Le Louvre possède également plusieurs de ses œuvres, dont des miniatures. Cependant, Schidlof (1964) soutient que nombre de miniatures attribuées au fils sont probablement l'œuvre de son père.

La dame représentée sur ce portrait est à l'extérieur et porte un manteau doublé de fourrure, un choix courant pour les Françaises en hiver à cette époque. Ce sont les nombreux rubans qui ornent ce manteau qui permettent de dater la miniature des années 1760. Ces accessoires, également pratiques ici puisqu'ils maintiennent le manteau fermé, gagnèrent en popularité à la fin des années 1750, portés par des personnalités telles que Madame de Pompadour. Ses cheveux sont ornés de plumes, un choix fréquent chez les femmes de l'époque, ainsi que de décorations florales. La coiffure bouclée serrée de ses cheveux est proche de la « tête de mouton » en vogue à la fin des années 1750 et au début des années 1760. Dans les années 1770, ces coiffures deviendront beaucoup plus volumineuses et seront appelées « poufs », nécessitant une décoration encore plus riche.

Elle tient également un éventail – fermé, mais qui pouvait s'ouvrir pour révéler une scène peinte ou imprimée, une pratique plus courante dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Sous Louis XIV (1638-1715), l'accent fut mis sur l'augmentation des exportations et la réduction des importations de nombreux produits. Alors que les éventails étaient auparavant majoritairement fabriqués en Italie, les changements économiques permirent à la production française de se développer et d'occuper une part importante du marché européen. Ces éventails pouvaient être confectionnés avec différents niveaux de raffinement et utilisaient des matériaux tels que la nacre et les métaux précieux pour la base, ainsi que la soie et le fil d'or pour les pétales. On raconte qu'un éventail ayant appartenu à Madame de Pompadour comportait dix miniatures et des découpes imitant la dentelle, et que sa réalisation aurait nécessité neuf ans de travail. Les éventails restèrent des accessoires de mode pendant de nombreuses années et furent souvent produits comme objets commémoratifs. Un exemplaire, exposé au Victoria and Albert Museum dans le cadre de l'exposition « Le style Marie-Antoinette » (2025), fut réalisé comme souvenir de leur mariage en 1770 [2]. D'autres éventails, supposés avoir appartenu au Dauphin, dont un orné d'une scène musicale et décoré de paillettes et de strass, sont encore conservés [3]. Ces éventails étaient souvent offerts aux membres de la cour ou à d'autres membres de la noblesse européenne, et notamment à Marie par des admirateurs.

L'éventail de cette miniature est tenu fermé ; selon le « Langage des éventails » [4], cela signifie que la dame inconnue demande au spectateur : « M'aimez-vous ? ». Bien que son identité et la personne à qui le portrait a été destiné restent inconnues, on peut supposer qu'il était adressé à un amoureux, actuel ou potentiel. Un portrait de Marie-Antoinette, âgée de 14 ans, conservé au château d'Innsbruck, montre la jeune Dauphine tenant un éventail également fermé, tourné vers le bas, contrairement à ce portrait.

1. Numéro d'inventaire : NG6440.

2. V&A : 2193-1876. 3. Au musée Carnavalet, Paris, EV45.

4. Imprimé au XIXe siècle par le fabricant d'éventails français Dulvelleroy, mais basé sur un langage ancien d'éventails utilisés par les femmes.