Les traits du visage du modèle ont été saisis avec une grande sensibilité, son regard assuré reflétant peut-être la quasi-invincibilité conférée par ce costume d'acier. L'extravagance et la profondeur du caractère, conférant à la composition une noble attente, semblent presque éclipsées par la virtuosité picturale de l'artiste. On comprend aisément pourquoi de nombreux modèles issus de la haute société lui ont commandé leur portrait.
Une armure aussi raffinée et ornée n'était pas réellement utilisée sur un champ de bataille ; à cette époque, son portrait symbolisait principalement la richesse et le statut du sujet, ainsi que sa revendication de succession à une tradition chevaleresque. La coiffure et la cravate permettent de dater le portrait du tournant du XVIIe siècle au XVIIIe siècle.
Encadré avec raffinement, orné de feuillages, de glands et de capitules, sculpté en relief et doré, ce portrait constitue une œuvre d'art à part entière.
Joseph Vivien (1657-1735) était un peintre français. Il quitta sa ville natale de Lyon pour Paris à l'âge de vingt ans afin de travailler dans l'atelier de Charles Le Brun. Il se fit connaître grâce à ses portraits au pastel, auxquels il conféra un éclat et une spontanéité inégalés à cette époque. Il suivit une formation de peintre à Paris dans les années 1670, se spécialisant ensuite dans le portrait. L'Académie royale de peinture et de sculpture le reçut en 1698.
En 1700, Vivien fut nommé peintre à la cour de Maximilien II Emmanuel, électeur de Bavière. Il partagea ensuite son temps entre Paris, les cours de Maximilien Emmanuel à Bruxelles et Munich, et celle du frère de Maximilien Emmanuel à Bonn.
Ses huiles sont rares, la plus importante étant l'allégorie des retrouvailles de Max-Emmanuel de Bavière avec sa famille. Ses portraits de petits nobles et d'artistes sont souvent considérés comme ses œuvres les plus remarquables. Il joua un rôle majeur dans la popularisation du portrait au pastel et s'imposa comme le principal défenseur de cette technique en France. Il préfigura également l'essor du portraitiste pastelliste de la génération suivante, Maurice-Quentin de la Tour. Ses pairs louèrent son application raffinée des couleurs ; un admirateur lui conféra même le surnom de « Van Dyck du pastel ».
Ses œuvres sont exposées aux musées des Beaux-Arts de San Francisco, de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg (Russie), du J. Paul Getty Museum de Los Angeles, de la National Gallery of Art de Washington D.C., du Rijksmuseum d'Amsterdam et du Smithsonian American Art Museum de Washington D.C.
Dimensions : Hauteur 91 cm, largeur 76 cm (encadré) (hauteur 91,5 cm, largeur 76 cm).