Antoine Vollon déploie ici tout son art de la nature morte dans une scène de cuisine intime. Dans la pénombre d’un réduit, il réunit un tonneau couvert d’un torchon, un pot vernissé vert, un chaudron de cuivre posé au sol, une louche suspendue, un balai de paille, un lapin accroché au mur.... Au premier plan, un rouget et des poissons argentés viennent animer la composition.
La composition repose sur un équilibre maîtrisé : les lignes droites du balai et de la table contrastent avec les rondeurs du tonneau et du chaudron, conférant à l’ensemble stabilité et mouvement. La matière picturale, dense et vibrante, rend la diversité des textures : éclats des métaux, chaleur du bois, surfaces satinées des céramiques, miroitement des écailles. Une lumière latérale souligne des points d’éclat, notamment l’intérieur doré du chaudron, qui guide le regard du bas vers le haut.
La palette, réduite mais subtilement nuancée, associe bruns profonds, verts sourds et rouges lumineux. Elle installe une atmosphère sobre qui prolonge l’héritage de Chardin tout en affirmant la modernité de Vollon. Cette toile est exemplaire de ce « peintre des choses » admiré de ses contemporains.
Maître incontesté de la nature morte au XIXᵉ siècle, Vollon fut récompensé aux Salons, médaillé d’or à l’Exposition universelle de 1878, officier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut.