Théodore Caruelle d'Aligny (1798–1871), Les Muses ou la Fontaine de l'Hélicon

31,7 × 23,4 cm. Huile sur Papier. Monogramme TCA en bas à droite.

Bibliographie:- M.-M. Aubrun, Théodore Caruelle d'Aligny et ses compagnons, Nantes, 1979, n°34 repr.- M.-M. Aubrun, Théodore Caruelle d'Aligny, catalogue raisonné de l'oeuvre peint, dessiné, gravé, Paris, 1988, p.138, n°144, repr. p.189.

Ce tableau de Théodore Caruelle d’Aligny, peintre néoclassique et paysagiste majeur du XIXe siècle, illustre un épisode mythologique inspiré des traditions antiques et de la poésie grecque. La composition s'organise en deux registres verticaux unis par un filet d’eau.

En haut les Muses sont réunies sous les arbres, pleines de grâce dans une lumière dorée. Elles se tiennent près d’une source jaillissante, que l’on identifie à la fontaine d’Hippocrène, née du sabot de Pégase sur le mont Hélicon. Leur disposition en demi-cercle renvoie à une iconographie classique, que d’Aligny connaissait bien pour avoir séjourné à Rome et copié les maîtres de la Renaissance.

En bas, baigné dans une lumière plus tamisée, un jeune homme pensif est assis au bord du bassin formé par la cascade. Il s'agit d’un poète, guettant l’inspiration des hauteurs. Cette opposition visuelle entre la sphère divine (les Muses) et le monde terrestre (le poète) souligne le propos allégorique: la source de la création artistique descend du divin vers l’humain, qui ne peut la saisir qu’en état de contemplation.

Le paysage forestier témoigne de la maîtrise de d’Aligny dans l’art du paysage structuré. Les arbres, aux troncs élancés, créent un rythme qui accompagne la descente de l’eau et guide le regard du spectateur. La lumière, diffuse et dorée, baigne l’ensemble dans une atmosphère onirique. Le ciel suggère une scène hors du temps, dans un espace sacré dédié à la beauté.

Par son sujet mythologique et son traitement néoclassique, Les Muses ou la Fontaine de l’Hélicon s’inscrit pleinement dans l’esthétique de Théodore Caruelle d’Aligny. Ami de Corot, il cherchait à fusionner le paysage réel avec les idéaux antiques, poursuivant l’ambition d’une peinture édifiante, tournée vers la grandeur et l’harmonie.

Enfin l’encadrement en cintre accentue l'effet de scène théâtrale, comme si le spectateur était invité à s'asseoir au bord de la fontaine pour écouter la voix des Muses — une invitation silencieuse à retrouver les sources de l’imaginaire poétique.

Expositions : - Rétrospective des artistes lyonnais, Lyon, 1904, n°559. - Maitre et petits maitres du XIXème siècle, paris, Galerie René Drouin, octobre 1942, n°1. - Le Paysage français, ses précurseurs, Paris, Galerie Lefranc & Engrand, 8-29 janvier 1944, n°4. - Paysages d'Italie, paris, Galerie Charpentier, 1947, n° ? - Peinture lyonnaise du XVIème au XIXème siècle, Paris, musée de l'Orangerie, 1948, n°2. - Théodore Caruelle d'Aligny et ses compagnons, Orléans, Musée des Beaux-Arts, 28 février-20 avril 1979; Dunkerque, Musée des Beaux-Arts, 25 avril-20 juin 1979; Rennes, Musée des Beaux- Arts, 25 juin - 4 septembre 1979, n°34.