Rare appropriation des illustrations de Touchet pour un menu de mariage sous l'Occupation.
Ensemble de 4 menus manuscrits sur parchemin réalisés à l'occasion du mariage de Jacques Henrion et A. Marie L'Ecuyer (10 octobre 1944). Chaque menu est illustré d'un dessin différent à l'encre et à l'aquarelle, copié des illustrations de Jacques Touchet pour l'édition de Les Quinze joies du mariage publiée par René Kieffer en 1930.
Illustration satirique paradoxale : les 4 dessins représentent des maris malheureux pris dans la « nasse du mariage » à différentes étapes : aux fiançailles (« pauvre petit »), au mariage (« Pris ! ça y est ! ah ! le malheureux ! »), 5 ans plus tard (« Rage & désespoir ! ») et 20 ans après (« Résignation »). Ce choix iconographique ironique – célébrer un mariage avec des images de malheur conjugal – témoigne d'un humour cultivé et d'une familiarité avec l'édition bibliophilique de Kieffer.
Menu en vieux français : « Doulceurs de paÿs de France en de festives accordailles » — texte en langage archaïsant décrivant le repas de noces : hors-d'œuvre (« oeufs sur canapé Mouillet de crème frayche »), dindes farcies (« troussées de gente façon par Dame Moussoi »), pâtés de foie gras aux truffes (« pâtés aux foyes d'orges gouleillants et piqués de truffes, auréolés des cheveux fyns de la Chicorée frisée »), fromages, gâteaux, fruits, cafés et liqueurs. « L'Hôte gracieux arrosera iceux de nectars d'ambroisie et d'Hydromel dignes de l'Olympe. »
Contexte historique : Les Quinze joies du mariage, ouvrage misogyne anonyme datant d'environ 1430, relate les infortunes du mari pris dans la nasse du mariage. L'édition René Kieffer de 1930, illustrée par Jacques Touchet (1887-1954), comprend 53 compositions originales en couleurs dont 15 hors-texte. Tirage limité à 550 exemplaires.
Document social et culturel exceptionnel : témoignage rare de l'appropriation et de la diffusion des œuvres de Touchet au-delà du cercle bibliophilique, dans un contexte personnel et intime. Créé en pleine période de libération (octobre 1944), ce menu révèle comment l'humour grinçant des Quinze joies pouvait être détourné – avec une certaine ironie – pour célébrer un mariage en temps de guerre. Il documente également les traditions culinaires festives maintenues malgré les restrictions de l'Occupation finissante.
État : manques aux sceaux de cire.



























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