Cadre en métal doré, portant au dos l'inscription « Princesse de Vaudémont ». Loraine/ née Montmornecy/ son salon fut célèbre sous le 1e Empire/ et la Restauration et assiduement/ fréquente par Talleyrand, Narbonne etc/ Ell fut don de cette miniature al mon arrière-grand-once et père adoptif/ Mathieu Orfila, doyen de la faculté de/ Medecine/ Esp***** Douglas/ du "Serail" de/ Talleyrand; le tout dans un étui en cuir ajusté ultérieurement
Rectangulaire, 17,5 cm (6 7/8 po) de hauteur
Provenance
Avec David Lavender Antiques;
Collection privée au Royaume-Uni jusqu'à vente à ;
The Albion Collection, Bonhams, Londres, 22 avril 2004, lot 86 ;
Collection privée, Royaume-Uni.
Exposé
Galerie nationale écossaise du portrait, de 2000 à 2003.
Louise (Auguste Elisabeth Marie Colette) naquit à Gand (Belgique) le 21 mai 1763. En 1778, à l'âge de quinze ans, elle épousa Joseph Marie de Lorraine, prince de Vaudémont, fils de la célèbre comtesse de Brionne. Son mari était un descendant de la Maison de Guise et était considéré comme membre de la famille souveraine, apparenté à la reine Marie-Antoinette.
En tant que noble, elle comprit que sa vie était en danger imminent dès le début de la Révolution, car ses amis et sa famille étaient emprisonnés. Elle s'enfuit de France pour se réfugier à Altona, en Allemagne, en 1791.
Tandis que ceux restés en France étaient considérés comme appartenant à la noblesse ou au « Tiers État », la princesse put mener une vie en Allemagne où elle et ses amis exprimaient des opinions politiques qui n'auraient pas été acceptées dans la jeune République. En 1800, elle était au centre de la communauté des émigrés à Hambourg. Comme en témoignent les mémoires de la comtesse de Boigne, « Altona était une sorte de purgatoire, où ceux qui projetaient de rentrer en France venaient se préparer à renoncer à leurs principes exclusifs ». Avec ses amis, elle nourrissait sans doute des idées libérales, ou du moins les idéaux proches de ceux de Philippe d'Orléans, dit « Philippe l'Égalité ».
Sous le consulat puis sous l'Empire, Madame de Vaudémont fréquentait assidûment les salons, notamment celui de la rue du Bac. Lady Granville la décrivait comme « d'une amabilité rare, pleine d'idées nouvelles et d'opinions tranchées, cordiale et bon enfant, et aussi naturelle que son singe ».
Maîtrisant sa propre fortune, elle put s'offrir un « salon de permanence » qui fut l'un des plus importants de l'époque. « Tant dans son château de Suresnes, près de Paris, que dans son hôtel fleuri de la rue de Provence, près des boulevards, où chaque pièce était un jardin, elle tenait sa maison ouverte tous les jours de l’année, sauf le jour où elle donnait un bal pour les pauvres. Parmi ses invités, qu'elle appelait ses conscrits, figuraient, outre le Corps diplomatique, Wellington, Richelieu, Pasquier et le comte Rostopchine. Talleyrand s'asseyait souvent dans un coin, jouant avec sa canne, ne rompant le silence que pour lancer une épigramme bien préparée contre l'ennemi du moment.
L'influence et l'attrait du salon sont attestés par les souvenirs de Joseph Orfila, un jeune médecin qui le fréquentait assidûment : « J'ai obtenu des décisions plus favorables pour la Faculté, j'ai mené à bien davantage de projets de recherche dans les salons que dans les commissions et les administrations » et « L'attrait que ce salon exerçait sur moi était tel qu'il m'absorbait complètement et que je ne quittais presque jamais ma maison, sauf pour m'y rendre. »
Lors de son second séjour à Paris (où il s'installe en 1774), le miniaturiste d'origine suédoise Lafrensen se fait connaître par ses scènes de genre de petit format représentant des figures élégantes dans des intérieurs ou des parcs, s'inscrivant ainsi dans la lignée de Pierre Antoine Baudouin (1723-1769).
Même lorsque les compositions ne représentaient qu'une seule figure, ce qui était rare, elles étaient conçues comme des sujets plutôt que comme des portraits. Ceci est souligné dans les titres donnés : « l’accord parfait » (un homme assis dans un bois) et « la consolation de l’absence » (une dame assise et contemplant une miniature). La présente miniature est donc inhabituelle pour l'époque en ce qu'un portrait spécifique, plus habituellement rendu en buste ou en buste, a été exécuté en pied et, de ce fait, fusionne les deux genres différents. À son retour en Suède, vers 1790, Lafrensen réutilisa ce format innovant pour les portraits du roi Gustaf III et de Sophie Hagman (tous deux au Nationalmuseum de Stockholm) et de la famille Sparre (Öfedskloster).
Devenue veuve en 1812, Madame de Vaudémont mourut à Paris dans la nuit du 31 décembre 1832. Ce portrait, probablement peint peu avant sa fuite en Allemagne, a peut-être été laissé à sa famille ou à ses amis en France pour qu'ils se souviennent de cette femme pleine de vie et politiquement engagée.
[1] Mémoires de la comtesse de Boigne (1781-1814) ; édités d'après le manuscrit original par M. Charles Nicoullaud, publiés en 1907, p. 183.
[2] Philip Mansel, Paris entre empires 1814-1852, 2001, p. 132.


























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