Ce thème iconographique spécifique — le chien attentif, le papillon symbolique et l’autel flamboyant — constitue un motif récurrent dans l’atelier de l’artiste. Des variations de cette scène apparaissent sur d’autres plaques conservées dans des collections européennes, attribuées à Raffaelli ou portant sa signature. Le fond bleu cobalt profond, appliqué en pâte de verre finement broyée sans joints visibles, renforce encore l’attribution, étant une caractéristique connue de ses œuvres entre 1785 et 1810. La bordure périphérique en « occhi di pernice » — tesselles blanches avec noyau noir — figure également fréquemment dans ses créations, qu’il s’agisse de panneaux encadrés, de plaques isolées ou de tabatières de luxe.
Ce qui élève véritablement cette pièce au rang de chef-d’œuvre, c’est sa qualité technique exceptionnelle. Les tesselles en filati de verre sont découpées à l’échelle microscopique et assemblées avec une incroyable patience. Certaines zones présentent des tesselles de seulement 0,2 mm, disposées en dégradés tonals afin de suggérer le volume, les ombres et la texture : les plis musculaires du chien, les ailes tachetées du papillon, la fumée qui s’élève du brasier. Ces transitions lumineuses, imperceptibles à distance, révèlent toute leur complexité à la loupe.
La scène évoque des thèmes de loyauté, de fugacité et de sacrifice. Le papillon, symbole de l’âme ou du désir éphémère, semble attiré par la flamme, tandis que le chien, symbole de fidélité, observe en silence. Une allégorie parfaitement adaptée au néoclassicisme romain tardif.
La pièce présente une légère patine au revers métallique, confirmant son ancienneté, ainsi que quelques marques superficielles compatibles avec le passage du temps, qui ajoutent à son authenticité au lieu de lui nuire. Elle est conservée intacte, sans perte visible de tesselles, ce qui est exceptionnel pour une micromosaïque de cette époque. Une pièce remarquable, idéale pour toute collection dédiée au Grand Tour.
Une occasion rare d’acquérir une œuvre digne d’un musée.
Dimensions : 6 cm. (2.36 in).
Histoire de Giacomo Raffaelli
Giacomo Raffaelli (Rome, 1753–1836) fut l’une des figures les plus influentes de l’art de la micromosaïque romaine, et un pionnier dans la transformation de cette technique traditionnelle en une forme artistique autonome d’un raffinement extrême. Formé à l’école des mosaïques du Vatican, il appliqua la même précision et la même minutie que l’on exigeait pour l’art sacré à des objets profanes ou de luxe, gagnant ainsi la faveur des collectionneurs européens, de la noblesse et des voyageurs du Grand Tour.
En 1775, Raffaelli fut nommé Mosaïste du Vatican, ce qui le plaça au cœur d’un réseau artistique et diplomatique de premier plan. Son œuvre — plaques, tableaux, meubles décorés, bijoux et objets personnels — se distingue par une technique irréprochable : utilisation de filati de verre ultra-fins, maîtrise absolue des dégradés chromatiques, compositions équilibrées et application experte des couleurs. Il introduisit vers 1785 la bordure dite « occhi di pernice », qui devint l’un de ses signes distinctifs.
Son atelier romain devint une étape incontournable pour les voyageurs cultivés désireux de rapporter un souvenir artistique inspiré de l’Antiquité. Il reçut également des commandes de la cour napoléonienne et de plusieurs maisons royales européennes. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent des vues de Rome, des allégories, des animaux, des fleurs et des scènes symboliques.
Raffaelli fut aussi un innovateur dans le choix de ses supports, utilisant non seulement le cuivre étamé, mais aussi l’ardoise, le marbre et des plaques portables. La plupart de ses œuvres ne sont pas signées, mais leur technique, leur palette et leurs motifs récurrents permettent une attribution sûre. Son héritage est aujourd’hui conservé dans des collections prestigieuses telles que les Musées du Vatican, le Louvre, la Wallace Collection et le Grand Tour Museum de Brighton.
Son atelier fut repris par son fils Vincenzo, bien qu’aucune des productions ultérieures n’ait atteint le niveau technique des œuvres de Giacomo. Sa contribution à l’art de la micromosaïque marque un tournant dans l’histoire du collectionnisme décoratif européen.