Baccarat: La Légende du Cristal

À l’occasion du 250e anniversaire de Baccarat, le Petit Palais expose jusqu’ au 4 janvier 2015 dans ses Grandes Galeries les chefs d’oeuvre de la plus illustre manufacture de cristal au monde, étonnants témoignages de la virtuosité de ses artisans

Il s’agit de la premie?re re?trospective en France de?die?e a? Baccarat depuis l’exposition du Bicentenaire aux Arts de?coratifs en 1964. En accord avec l’architecture du Petit Palais élevé pour l’Exposition universelle de 1900, l’exposition présente les créations de Baccarat conçues pour les grandes expositions parisiennes de 1823 à 1937, au cours desquelles la manufacture conquiert une notoriété internationale. C’est également à la faveur de ces rendez-vous que Baccarat attire par son éclat les commandes des grands de ce monde.

Exposition Baccarat: la légende du Cristal. © Baccarat
Exposition Baccarat: la légende du Cristal.
© Baccarat

Dans une sce?nographie raffine?e sublimant la virtuosite? et le savoir-faire des artisans du cristal, le visiteur de?couvre au sein du parcours d’exposition les oeuvres rassemble?es selon leurs affinite?s stylistiques ou leur contexte de cre?ation. Un choix exceptionnel de près de cinq cents pièces historiques est présenté, en majorité provenant de la collection privée de la manufacture lorraine et complété d’emprunts prestigieux au musée d’Orsay, au Louvre, aux Arts décoratifs, à la Cité de la Céramique, aux Arts et Métiers, au château de Compiègne et aux musées de Nancy. De nombreux dessins et documents d’archives inédits permettent de retracer la genèse des créations exposées et de dévoiler les sources d’inspiration qui ont nourri les artisans de la célèbre manufacture depuis 250 ans.

Exposition universelle de 1867, Paris. Exposition de cristaux de Baccarat dans la section française. Détail d’une vue stéréoscopique. © Roger-Viollet
Exposition universelle de 1867, Paris. Exposition de cristaux de Baccarat dans la section française. Détail d’une vue stéréoscopique. © Roger-Viollet

Ainsi, sont présentées des oeuvres exceptionnelles comme le monumental « Vase Ne?gus », « la Toilette de la duchesse de Berry », ou les « Vases Simon » cre?e?s pour l’exposition universelle de 1867 a? Paris. Des pie?ces de services issues de grandes commandes royales ou conçus pour les puissants du monde entier comme le tsar Nicolas II, l’empereur du Japon, ou encore des maharadjas témoignent de l’excellence du savoir-faire de Baccarat. Une table mettant en sce?ne certaines de ces commandes souligne le triomphe de la manufacture dans le domaine de l’art de vivre. Un espace dédié retrace l’histoire légendaire du verre Harcourt, pie?ce iconique, inspire? du calice d’apparat et gravé du monogramme royal commande? par le Roi Louis-Philippe en 1840.

L’exposition s’achève de manière éblouissante par une galerie ou? sera accrochée une série de lustres en majeste?, dont le plus monumental resplendira de 250 lumie?res dans la galerie d’honneur du Petit Palais.

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

Baccarat à l’avant-garde des innovations :
les Expositions des produits de l’industrie

Instituées en 1798, sous le Directoire, les Expositions des produits de l’industrie française ont pour but de stimuler l’industrie nationale face à la concurrence étrangère. De 1823 à 1849, Baccarat participe régulièrement à ces manifestations qui se tiennent selon les années au Champ-de-Mars, dans la Cour Carrée du Louvre ou sur les Champs-Elysées. À plusieurs reprises, la manufacture lorraine est récompensée d’une médaille d’or, justifiée par l’excellence de sa production et par sa recherche constante de l’innovation. En 1827, elle présente pour la première fois des éléments de lustrerie, en 1834, elle expose des pièces obtenues par moulage et en 1839, des cristaux de couleur dont le fameux rouge à l’or.

Service « Juvisy », créé en 1867 pour l’Exposition Universelle de Paris et commandé en 1899 par le président de la République Française Emile Loubet pour le palais de l’Elysée © Baccarat
Service « Juvisy », créé en 1867 pour l’Exposition Universelle de Paris et commandé en 1899 par le président de la République Française Emile Loubet pour le palais de l’Elysée
© Baccarat

Fastes et démesure : l’Exposition universelle de 1855

La première Exposition universelle parisienne se tient sur les Champs-Elysées. Inaugurée le 19 mai par Napoléon III, elle accueille cinq millions de visiteurs parmi lesquels la reine Victoria et l’émir Abd el-Kader. Pour recevoir les 24 000 exposants issus de 25 nations, est construit le Palais de l’Industrie, gigantesque bâtiment de 200 mètres de long sur 48 mètres de large à l’emplacement actuel des Grand et Petit Palais. Au dessus du portail d’entrée est sculpté un groupe allégorique «La France couronnant les Arts et l’Industrie». Baccarat présente de nombreux vases d’ornement, des pièces monumentales dont un grand lustre en cristal clair taillé comportant 140 lumières et deux grands candélabres portant chacun 90 bougies. À l’issue de l’exposition, le jury décerne à la manufacture lorraine une grande médaille d’honneur.

La fête impériale : l’Exposition universelle de 1867

Sur le Champ-de-Mars, un immense bâtiment accueille en 1867 les exposants venus cette fois de 42 pays. Les architectes ont conçu un palais ovale formé de cinq galeries concentriques entourant un jardin central. Au sein de l’Exposition, les industries du verre sont réparties dans la classe 16 qui réunit les cristaux, la verrerie de luxe et les vitraux. Comme en 1855, Baccarat expose des pièces monumentales dont une fontaine de plus de 7 mètres de haut, entièrement réalisée en cristal ainsi qu’une paire de vases couleur rouge rubis, communément appelés «Vases Simon» dont l’exécution a demandé pour chacun plus d’un an de travail. Un critique déclare « c’est la Cristallerie de Baccarat qui, pour ses lustres gigantesques, change la pierre en diamant, tisse jusqu’au verre pour y mieux faire passer la lumière et multiplier avec éclat ses gerbes
éblouissantes ».

Candélabre dit « du Tsar »,commandé pour le tsar Nicolas II en 1896 © Archives Baccarat
Candélabre dit « du Tsar »,commandé pour le tsar Nicolas II en 1896
© Archives Baccarat

Voyage à travers les styles : l’Exposition universelle de 1878

Après le traumatisme de la guerre franco-prussienne de 1870, la jeune République entend affirmer sa foi dans le progrès et sa confiance dans l’avenir. L’Exposition universelle de 1878 en sera l’outil. Le Palais du Trocadéro, monument le plus emblématique de l’Exposition, est construit au sommet de la Colline de Chaillot qui offre un magnifique belvédère sur la Seine et ses alentours. Au centre du pavillon Baccarat, trône le temple de Mercure. Kiosque de cristal, entouré d’une balustrade tout aussi translucide, il manifeste la toute puissance de la Cristallerie, élevée au rang de gloire nationale. Baccarat se distingue également en présentant une série de coupes et de vases inspirés par les gemmes de la Couronne. Sa participation à l’Exposition est récompensée par un Grand Prix.

Service dit « du Tsar », commandé pour le Tsar Nicolas II en 1909 © Baccarat Photographe : Patrick Schüttler
Service dit « du Tsar », commandé pour le Tsar Nicolas II en 1909
© Baccarat
Photographe : Patrick Schüttler

Les Fastes de la Table

Le passage du service « à la française » au service « à la russe », au milieu du XIXe siècle, détermine une nouvelle manière de dresser la table : les verres ne sont plus apportés aux convives les uns après les autres, mais sont disposés sur la table dès le début du repas, de gauche à droite selon leur fonction. Cet alignement géométrique donne le ton de ce nouvel art de vivre. Par son éclat et sa sonorité, le cristal s’impose alors comme un symbole des arts de la table.
Grâce aux commandes royales passées par Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, Baccarat s’honore de l’aristocratique appellation de « cristal des rois ». Dès lors, ses créations séduisent les cours d’Europe, de Russie, d’Orient et d’Asie, et parent les tables les plus prestigieuses du monde entier, du Palais de l’Elysées jusqu’aux Etats-Unis.

Vase dit « du Négus », 1909 © Baccarat, archives de la Manufacture
Vase dit « du Négus », 1909
© Baccarat, archives de la Manufacture

Baccarat et l’Exposition internationale de l’Est de la France, Nancy, 1909

L’Exposition de Nancy regroupe plus de deux mille exposants issus principalement des départements de l’Est de la France. Elle entend démontrer la vitalité économique de la région et répondre à la concurrence allemande. Sur le stand de la manufacture lorraine, les visiteurs remarquent d’imposants vases Renaissance, des torchères pompéiennes, des lustres et candélabres étincelants. La cristallerie Baccarat est hors-concours car son directeur, M. Michaut est à la fois président du Comité d’organisation et président du Jury. Néanmoins, elle obtient le prix du département qui récompense « l’importance, la variété et le sens artistique de ses productions ».

Lustre «Jets d’eau», Georges Chevalier, 1925 © Baccarat, archives de la Manufacture
Lustre «Jets d’eau»,
Georges Chevalier, 1925
© Baccarat, archives de la
Manufacture

Baccarat ou le triomphe de l’Art déco :
l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925

Prévue initialement en 1915, repoussée à cause de la guerre en 1922 puis en 1924, l’Exposition ouvre finalement ses portes le 28 avril 1925. Elle est inaugurée devant 4000 invités par le Président de la République Gaston Doumergue. Vingt et un pays seulement participent à ce « Marathon international des arts de la maison ». Associés à l’orfèvre Christofle, les Cristalleries Baccarat disposent d’un pavillon particulier édifié sur l’esplanade des Invalides. À l’intérieur, une grande table ovale garnie de cristaux et de flambeaux est surmontée d’un grand lustre en perles de cristal conçu par Georges Chevalier. L’esthétique du verre en 1925 se caractérise par un retour à la transparence allant de pair avec la simplification des formes.

Exposition Baccarat: la légende du Cristal. © Baccarat
Exposition Baccarat: la légende du Cristal.
© Baccarat

La recherche du beau et de l’utile :
l’Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne, Paris, 1937

L’exposition est installée sur les terrains qui bordent la Seine, du pont de la Concorde à l’île des Cygnes. La colline de Chaillot, où bat véritablement le coeur de l’événement, et la tour Eiffel dessinent un second axe d’installation, perpendiculaire au premier. Les exposants sont répartis dans trois cents pavillons, dont quarante-quatre d’entre eux sont réservés aux pays étrangers. La manifestation accueillera au total 31 millions de visiteurs. À la différence de l’Exposition de 1925, Baccarat ne dispose pas d’un pavillon particulier. La Cristallerie expose au Centre des Métiers et dans le pavillon de la Lorraine. Baccarat édite plusieurs catalogues commerciaux pour inviter l’amateur à se rendre dans son magasin situé au 30 bis, rue de Paradis.

Lustre Zénith 84 lumières, cristal clair et rouge (©Baccarat).
Lustre Zénith 84 lumières, cristal clair et rouge (©Baccarat).

 

Baccarat, sculpteur de lumières

À l’Exposition nationale des produits de l’industrie française en 1827, Baccarat est la première cristallerie française à proposer un vaste choix d’éléments de lustrerie. Grâce à la variété de leurs formes et à la qualité de leur taille augmentant la réfraction de la lumière, jamais des lustres n’ont été aussi étincelants. Lors des premières Expositions universelles, la manufacture se distingue par ses modèles de lustres monumentaux intégralement en cristal et par la richesse de leurs couleurs. Baccarat est l’une des premières manufactures à électrifier ses modèles de luminaires, dès 1897, dont le candélabre dit « du Tsar ».

Sa mise au point d’une technique de fabrication de branches creuses en cristal permet le passage des fils électriques. De Saint-Pétersbourg à Bombay, de Constantinople à New York, les palais et ambassades s’animent à la lumière des lustres Baccarat. Le parcours s’achève par un cabinet de dessins qui présentera pour la première fois les esquisses et dessins préparatoires issus des archives Baccarat.

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