PAYSAGE AVEC PERSONNAGES PRÈS D’UN ÉTANG
FRANZ RECHBERGER
Vienne 1771 – 1841 Guttenstein
Papier, aquarelle
24 × 32 cm ; avec passe-partout : 60 × 48 cm, non encadré
PROVENANCE
Autriche, collection particulière
Dans l’histoire de l’art, plusieurs figures notables ont su conjuguer les rôles d’artiste accompli et de directeur de musée. Nous connaissons Dominique Vivant, baron Denon (1747–1825), qui dirigea le Louvre, ou encore Sir Edwin Landseer (1802–1873) à la National Gallery de Londres. Pourtant, le nom de Franz Rechberger (1771–1841), premier directeur de l’Albertina à Vienne — l’une des plus grandes collections d’art graphique au monde — demeure relativement méconnu en dehors des cercles spécialisés. C’est regrettable, car Rechberger ne fut pas seulement un administrateur, mais aussi un remarquable paysagiste à part entière.
Aujourd’hui, l’idée qu’un directeur de musée puisse être profondément dévoué à l’art, considérant son travail de conservateur comme le prolongement naturel de sa propre pratique créatrice, paraît presque magique. À cette époque, la passion pour l’art se confondait intimement avec la responsabilité professionnelle.
Il convient de souligner que Franz Rechberger lui-même fut un maître exceptionnel du paysage graphique. Formé par Friedrich August Brand à l’Académie de Vienne, son œuvre gravé, principalement constitué de paysages à l’eau-forte, fut qualifié par l’historien d’art allemand Georg Kaspar Nagler (1801–1866) comme étant « parmi les plus splendides de leur genre ». Ces paysages héroïques, empreints de l’esprit du romantisme, méditent sur l’insignifiance de l’existence humaine face à la puissance écrasante de la nature.
La production artistique de Rechberger se révèle d’une diversité remarquable — allant de la gravure et de l’eau-forte aux croquis au crayon et à l’aquarelle. La récurrence de certains motifs à travers son œuvre laisse penser que, malgré le caractère apparemment idéalisé de ses paysages, beaucoup reposent sur des prototypes très concrets et observés.
Ses aquarelles sont particulièrement fascinantes, à l’image du présent paysage. Elles dégagent toujours un grand lyrisme, renforcé par une palette le plus souvent monochrome, qui accentue leur tonalité poétique.