PORTRAIT D’UNE DAME
UMBERTO GIUNTI attribué à
Sienne 1886 – 1970 Sienne
Huile sur panneau
48,5 × 39 cm / 18,9 × 15,4 pouces, avec cadre 67 × 57 cm / 26,4 × 22,4 pouces
Il fut un temps où Kenneth Clark, alors directeur de la National Gallery de Londres, fut séduit par le charme d’une certaine Madone de Botticelli. Il remarqua qu’elle possédait « quelque chose de la star du cinéma muet », allant jusqu’à la comparer à l’actrice Jean Harlow. Ce qui semblait d’abord un hommage au génie de Botticelli prit bientôt une autre tournure : le tableau se révéla n’être pas un original, mais une brillante recréation d’Umberto Giunti (Sienne 1886–1970), le plus célèbre falsario toscan du XXᵉ siècle.
Près d’un siècle plus tard, lorsque je découvris ce portrait lors d’une vente aux enchères en Autriche, où il était proposé comme une œuvre du XIXᵉ siècle, je fus frappé par la même impression : bien qu’inspiré des modèles de la Renaissance, le visage de la dame évoquait clairement le néoclassicisme italien des années 1930. La pureté de la ligne et l’élégance subtile sont des traits que l’on retrouve souvent dans l’œuvre de Giunti, et qui fondent l’attribution de ce portrait à sa main.
Le grand historien de l’art Federico Zeri, qui a étudié en profondeur le phénomène des faussaires toscans, s’est lui aussi intéressé à Giunti. Dans ses archives, il a décrit un style distinctif qui allait bien au-delà de la simple imitation, reconnaissant en lui un artiste à part entière.
Vu aujourd’hui, ce portrait est bien plus qu’une réinterprétation. Il raconte l’histoire de l’entrelacement de l’art, de l’histoire et de l’identité. Ce qui fut jadis créé pour tromper nous invite désormais à réfléchir sur l’authenticité et la valeur artistique, tout en conservant le charme intemporel de l’esthétique de la Renaissance. En même temps, il incarne l’esprit du mouvement Novecento des années 1930, où passé et présent se fondent dans une expérience visuelle riche et captivante.
PROVENANCE
Autriche, collection particulière