Le tableau "Place des Jacobins (Lyon)" d’Antonin Ponchon, peintre lyonnais du début du XXe siècle, offre une vision poétique et atmosphérique de l’une des places emblématiques de la ville. La composition met en avant la célèbre fontaine des Jacobins, érigée en 1885 et ornée de statues de figures lyonnaises. Ponchon s’attache à restituer l’ambiance urbaine, baignée d’une lumière diffuse qui enveloppe les bâtiments et la fontaine d’un voile presque vaporeux.
La palette, dominée par des tons doux et des couleurs pastel, traduit la brume lumineuse typique de Lyon, que la critique de l’époque attribuait souvent à l’artiste. Les contours sont volontairement estompés, les formes simplifiées, ce qui confère à l’ensemble une impression de calme et de sobriété, caractéristiques du style de Ponchon et de l’influence postimpressionniste de Cézanne et du groupe des Ziniars auquel il appartenait. Les personnages, réduits à de simples silhouettes, accentuent la monumentalité de la fontaine et des façades, tout en animant discrètement la scène.
Ponchon privilégie la perspective et la profondeur, ouvrant la place sur une percée urbaine qui guide le regard vers l’arrière-plan, renforçant la sensation d’espace. Ce choix rappelle l’intérêt du peintre pour les vastes perspectives et l’architecture, tout en évitant la rigueur académique par une touche libre et spontanée. L’œuvre témoigne ainsi de la modernité lyonnaise du début du XXe siècle, oscillant entre tradition et renouveau, et illustre la capacité de Ponchon à saisir l’âme d’une ville à travers la lumière, la couleur et la composition.
Antonin Ponchon étudie à l’École des Beaux-Arts de Lyon entre 1906 et 1910. Membre du mouvement des Ziniars, il se consacre à la peinture de natures mortes et de paysages lyonnais. Parallèlement, il enseigne au Petit-Collège et participe au jury du groupe Paris-Lyon.
Il ouvre la galerie des Archers, qui accueille certains des plus grands noms de la peinture française, tels que Pierre Bonnard, André Derain, Albert Marquet, Paul Signac, Maurice Utrillo, Suzanne Valadon ou encore Maurice de Vlaminck. Elle ferme ses portes en 1933, année où Ponchon s’installe à Paris, où il devient éditeur de journaux de mode, tout en poursuivant son activité de peintre, notamment à travers des paysages d’Île-de-France.
Jusqu’en 1923, il expose régulièrement au Salon d’automne de Lyon et au Salon du Sud-Est, qu’il cofonde et dont il est vice-président.
Ses peintures sont aujourd’hui conservées dans les collections du musée Paul-Dini à Villefranche-sur-Saône et du musée des Beaux-Arts de Lyon.





























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