Ce tableau d’Antoine Ponthus-Cinier illustre parfaitement la maîtrise du paysage historique propre à l’artiste lyonnais du XIXe siècle. La composition met en scène Crémieu avec sa forteresse perchée sur un éperon rocheux, dominant la vallée baignée d’une lumière douce et dorée. Au premier plan, une figure féminine chemine sur un sentier pierreux, ajoutant une dimension humaine et narrative à l’ensemble.
Ponthus-Cinier, influencé par son séjour en Italie et par l’école néoclassique, privilégie l’équilibre de la composition, la rigueur du dessin et la clarté de la lumière. La palette, dominée par des verts profonds, des ocres et des bleus, confère au paysage une atmosphère à la fois réaliste et idéalisée. La présence de la forteresse, vestige du passé, s’inscrit dans une nature majestueuse, soulignant le dialogue entre l’histoire et le paysage. Cette œuvre témoigne de l’attachement de l’artiste à la région lyonnaise et à la tradition du paysage décoratif, tout en révélant une sensibilité romantique dans le traitement du ciel et de la lumière.
Inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon en 1829, Antoine Ponthus-Cinier ne semble pas y être entré. Formé par Paul Delaroche, il obtient le deuxième prix du Grand Prix de Rome en 1841 avec Adam et Eve chassés du Paradis Terrestres. Il passe deux ans en Italie puis il rentre à Lyon où il expose de 1837 à 1885 et à Paris de 1841 à 1867, des paysages historiques et des paysages (peintures, encres de Chine, gouaches, aquarelles, eaux-fortes). Il accomplit un long périple dans le Dauphiné, dans les Dombes, en Provence, dans les Alpes, en Savoie et dans les Pyrénées, pratiquant le paysage néoclassique à l’italienne, animé de petites figures. Sa notoriété est grande dans la capitale des Gaules et il y bénéficie de nombreuses commandes. Il lègue par testament à la ville de Lyon 50 lavis, des dessins et une rente de 1000 francs destinés à la distribution d’un prix qui porte son nom (concours annuel de « Paysage au point de vue décoratif ») décerné par l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Son atelier fut vendu à Lyon en mars 1885. Aujourd’hui les musées de Lyon, Chalon-sur-Saône, Besançon, Brou et Chambéry possèdent des œuvres de l’artiste.