Annoté au dos du cadre : « Berjon peintre lyonnais exécuté vers 1816/1820, acheté à sa mort ».
Cette oeuvre d’Antoine Berjon, grand peintre et dessinateur lyonnais du XVIIIe et du XIXe siècle, spécialiste de la nature morte florale, est un exemple frappant de virtuosité technique. Il s’agit ici d’un dessin à la pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche sur papier teinté, typique de sa manière.
La composition s’organise en deux groupes floraux : un plus dense et rayonnant au centre-droit, et un plus léger en bas à gauche. L’oeil est attiré par la courbe spiralée de la gerbe centrale, presque comme une corne d’abondance florale, qui semble en expansion. On y sent aussi l’influence des dessins scientifiques de son époque.
Ce qui rend ce dessin si poignant, c’est sa représentation simultanée des différentes étapes de la vie d’une fleur sur un seul et même dessin. Nous trouvons d’abord la promesse représentée par des bourgeons et boutons clos suggérant le potentiel, la jeunesse et la beauté à venir. Vient ensuite l’épanouissement de la floraison. La brume vaporeuse à droite, les petites taches orangées en suspension comme des graines ou des poussières, évoquent une forme de persistante trace ou devenir de la fleur : comme si elle survivait dans une mémoire, une atmosphère. Cette temporalité est plus immatérielle, presque métaphysique.