Ce tableau d’Émile Didier est une œuvre qui illustre à la fois la modernité et la sensibilité du peintre lyonnais. Réalisée à l’huile sur toile, cette composition met en scène la ville de Vienne, dominée par son architecture caractéristique, sous un ciel vibrant et tourmenté. Didier, influencé par le cubisme ainsi que le fauvisme, propose ici une vision structurée et expressive du paysage urbain.
La palette de couleurs, dominée par des verts, des ocres et des touches de rouge, confère à la scène une atmosphère à la fois dynamique et mélancolique. Les formes sont anguleuses, les volumes simplifiés, traduisant l’influence des avant-gardes du début du XXe siècle, tout en conservant une lisibilité figurative propre à la période de retour à la peinture figurative de Didier. L’arbre nu au premier plan, presque monumental, guide le regard vers le centre de la toile, où l’église et les maisons s’agencent en une mosaïque architecturale.
Par sa composition et son style, "Vue de Vienne" témoigne du regard singulier de Didier sur le paysage urbain, oscillant entre modernité et attachement à la tradition régionale, et s’inscrit pleinement dans la dynamique artistique lyonnaise du XXe siècle.
Émile Didier, formé à l’École des Beaux-Arts de Lyon entre 1905 et 1907, débute sa carrière professionnelle en tant que dessinandier pour l’industrie de la soierie lyonnaise, tout en cultivant une passion profonde pour la peinture.
Il s’ouvre aux avant-gardes artistiques de son époque et devient co-fondateur du groupe des Ziniars dans les années 1920, un groupe qui, comme son nom l’indique (dérivé de la fleur zinnia), se distingue par un désir d'expression originale et vive. Le groupe des Ziniars joue un rôle essentiel dans la création du Salon du Sud-Est en 1925, un événement qui permet de promouvoir l’art moderne dans la région et de favoriser les échanges artistiques entre Lyon et Paris.
L’intérêt de Didier pour l’avant-garde se renforce avec sa découverte des œuvres de Fernand Léger et André Derain, deux figures majeures du mouvement fauviste et du cubisme, dont les œuvres l'influencent profondément. Sa participation active dans ces cercles avant-gardistes et son implication dans la vie artistique lyonnaise lui permettent de s’installer progressivement comme un acteur important des dynamiques artistiques qui traversent la première moitié du XXe siècle.