l’Atelier tropical : Jean-Baptiste Debret

Marqué par l’épopée révolutionnaire, le peintre Jean-Baptiste Debret (1768-1848) a dirigé à Paris l’atelier du grand Jacques-Louis David avant de s’exiler au Brésil à la chute de Napoléon. Il part dans le cadre de la « Mission française », un groupe d’artistes invités à créer une Académie des beaux-arts à Rio de Janeiro, capitale du nouveau royaume. Il participa ainsi à un vaste mouvement de savants et d’artistes qui découvrirent un Brésil désormais ouvert aux étrangers, après deux siècles d’enfermement colonial.

J.-B. Debret, Un déjeuner brésilien, 1827. Aquarelle sur papier. Coll. Musées Castro Maya, Rio de Janeiro
J.-B. Debret, Un déjeuner brésilien, 1827. Aquarelle sur papier. Coll. Musées Castro Maya, Rio de Janeiro

Durant ce long séjour (1815-1831) et en marge de son travail académique et de son emploi comme peintre de la cour, Debret produisit plusieurs centaines de dessins et d’aquarelles sur la vie quotidienne au Brésil. À son retour en France, il publia un ouvrage relatant son expérience, illustré de 152 planches lithographiques tirées de ses aquarelles : Voyage pittoresque et historique au Brésil (Firmin Didot, 1834-1839).

Oublié pendant un siècle, puis traduit en portugais en 1940, cet ouvrage exceptionnel est devenu pour le Brésil une source iconographique, historique et littéraire fondatrice, contemporaine de la naissance de la Nation brésilienne. Cet ouvrage d’une incroyable originalité vient de recevoir, par les soins de Jacques Leenhardt, sa deuxième édition française (Imprimerie Nationale 2014) après bientôt deux siècles, ainsi qu’une nouvelle édition brésilienne (Imprensa Oficial do Estado de São Paulo, 2016).

J.-B. Debret, Boutique de tabac, 1823. Aquarelle sur papier. Coll. Musées Castro Maya, Rio de Janeiro
J.-B. Debret, Boutique de tabac, 1823. Aquarelle sur papier. Coll. Musées Castro Maya, Rio de Janeiro

Peintre et mémorialiste, Debret ne fut pas un voyageur occasionnel séduit par l’exotisme de l’ancienne colonie portugaise. Il vécut à Rio de Janeiro quinze années, y travailla et participa à la vie locale. C’est en ethnologue et sociologue qu’il témoigna de la vie urbaine et quotidienne des colonisateurs portugais, des Indiens, et plus particulièrement de celle des esclaves, qui constituaient à l’époque la principale population laborieuse. Et c’est en historien qu’il analysa la naissance d’une Nation, en accord avec la sensibilité politique qu’il avait acquise durant la Révolution de 1789. Sa plume et ses dessins sont précis, explicatifs, parfois ironiques et souvent dénonciateurs.

© L'Atelier tropical. Jean-Baptiste Debret. - Aquarelle sur papier.
© L’Atelier tropical. Jean-Baptiste Debret. – Aquarelle sur papier.

La Maison de l’Amérique latine expose un ensemble exceptionnel de 74 aquarelles originales de Jean-Baptiste Debret, provenant des collections du Musée Castro Maya de Rio de Janeiro, ainsi qu’un carnet de croquis, prêté par la BNF. L’exposition offre également quelques repères permettant d’apprécier le vaste développement intellectuel et artistique qui entoure la « Mission française »,  avec Ferdinand Denis et l’architecte Grandjean de Montigny. En outre est distingué le domaine de la botanique autour d’Auguste Saint-Hilaire, de son herbier et de ses écrits ainsi que des dessins de l’explorateur Hercule Florence.

© L'Atelier tropical. Jean-Baptiste Debret. - Aquarelle sur papier.
© L’Atelier tropical. Jean-Baptiste Debret. – Aquarelle sur papier.

Cette exposition, qui fête le bicentenaire de la « Mission française », résulte d’une collaboration avec l’EHESS, l’Université Sorbonne-Paris IV, l’Université de Poitiers, Le Museum National d’Histoire Naturelle, la Bibliothèque Nationale de France et la FMSH. En partenariat avec les Musées Castro Maya de Rio de Janeiro qui ont généreusement prêté 74 oeuvres originales de J.-B. Debret Elle comprend également un colloque scientifique international sur le thème : Le moment 1816 des sciences et des arts, Regards croisés franco-brésiliens, (25 et 26 novembre 2016). Elle est réalisée avec le concours des Services de coopération et d’action culturelle de l’Institut français à Rio de Janeiro, de collectionneurs privés en France, de la Bibliothèque Nationale du Brésil et de Arte Padilla.

En savoir plus:

Maison de l’Amérique latine

Jusqu’au 20 décembre 201 6

http://www.mal217.org/

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