L’âne iconoclaste dans un cabinet d’amateur.

Irruption de l’âne Iconoclaste dans un Cabinet d’amateur, Atelier de Frans Francken II (Anvers, 1581-1642). Ecole Anversoise du XVIIème siècle.

Notre panneau illustre un thème des « ânes iconoclastes », sujet rare et semble-t-il traité seulement par Frans Francken II mis en scène dans un cabinet d’amateur d’art. 
Les intérieurs de collectionneurs d’arts, les premiers musées privés, constitue des sujets de prédilection de peintres anversois du XVIIème, représentant souvent les collectionneurs en tant que connaisseurs avertis, s’intéressant non seulement aux arts visuels tels que sculpture ou peinture, mais également aux sciences telles que philosophie, géographie et astronomie.

Irruption de l’âne Iconoclaste dans un Cabinet d’amateur, Atelier de Frans Francken II (Anvers, 1581-1642). (c) Galerie Nicolas Lenté, Proantic.

Parmi les œuvres de Frans II Francken on dénombre plusieurs représentations d’«ânes iconoclastes» dans les cabinets d’amateur, en référence à l’iconoclasme de 1566, provoquant la destruction de l’intérieur de la cathédrale d’Anvers. 
Faire renaitre dans ses œuvres les évènements vieux d’un demi-siècle permet au peintre de mieux appréhender l’agitation religieuse qui règne dans les années 1610-1620 et dénoncer à travers ses œuvres les effets néfastes sur l’économie. La position de Francken est empreinte de l’érasmisme, le courant qui défend un compromis entre le protestantisme et la papauté.

Irruption de l’âne Iconoclaste dans un Cabinet d’amateur, Atelier de Frans Francken II (Anvers, 1581-1642). (c) Galerie Nicolas Lenté, Proantic.

La Furie iconoclaste a longtemps été considérée par les historiens comme une révolte politico-populaire contre la tyrannie du prince, mais aussi comme une révolution socio-économique d’un peuple affamé. Le roi Philippe II, très absent de son royaume des Pays-Bas, était en effet impopulaire et la pauvreté et le chômage augmentaient dramatiquement.
Le risque de basculement entre vandalisme des œuvres d’art religieuses vers les œuvres profanes dans un contexte économique instable est difficile à prévoir. 
C’est pour cette raison dans notre tableau, comme dans tous ceux sortis de l’atelier de Francken, l’âne iconoclaste brise les sculptures antiques. Le peintre alerte sur le risque de transfert de folie destructrice sur des œuvres d’art profanes, et non seulement limité au culte catholique. Une œuvre d’art est avant tout une création artistique, nonobstant son emploi ou sa localisation. 
En recourant à la parodie animale, le peintre choisit l’âne pour dénoncer les ravages de l’iconoclasme. L’âne à la Renaissance est un symbole d’ignorance, de la bêtise, de l’entêtement, l’obstination ou encore l’obéissance aveugle, passive et stupide.

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