Fêtes et divertissements à la cour

Dans ses Mémoires pour l’éducation du Dauphin, Louis XIV accorde une large place aux fêtes et aux divertissements qui, selon lui, participent de l’art de gouverner. Il faut, pour l’ordinaire de la vie de cour, instaurer « cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec (le souverain), les touche et les charme plus qu’on ne peut dire ». Il faut, pour l’extraordinaire des événements royaux, toujours plus de grandeur, de surprise et de fantastique, afin d’émerveiller la cour, le royaume, l’Europe. En fonction de ses goûts et de l’évolution de la mode, chacun des successeurs du grand roi maintient cette tradition de faste et de créativité.

Décors de scène, temple de Minerve
Frères Slodtz, 1754
(c) château de Versailles, JM Manaï

L’enjeu est ici de présenter les infinies variétés et ingéniosités des divertissements qui sont proposés à la cour, qu’ils lui soient offerts par le roi ou qu’ils soient pratiqués par elle. Ce sont, bien sûr, toutes les formes de spectacles publics, comédies, opéras, concerts, feux et illuminations, mais aussi les représentations privées quand seigneurs et dames de la cour montent eux-mêmes sur les planches. Ce sont les innombrables jeux d’argent qui vous apportent la fortune ou la ruine. Ce sont les exercices du corps où il vous faut briller : la chasse, la danse des bals et des mascarades, le mail et la paume, ces ancêtres du golf et du tennis…

Parcourant la période des trois règnes – de Louis XIV à la révolution – la démarche ne prétend pas à l’exhaustivité ; elle vise, par un choix d’œuvres fortes expliquées par les plus grands spécialistes des différents domaines et grâce à une scénographie évoquant les ambiances et les lieux souvent disparus, à donner à voir et à imaginer, à faire ressentir ce que l’on pouvait éprouver à l’époque…

Décor de Théâtre: Toile de fond représentant une partie de la chambre de Sander. Décor de l’acte II de Zémire et Azor, atelier des Menus-Plaisirs du roi, 1774 © RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Gérard Blot.

Le parcours, une invitation à la fête

1 – Suivre à la chasse

Versailles est né de la chasse : le grand projet architectural de Louis XIV s’est bâti autour du relais de chasse de son père Louis XIII. La chasse – à courre ou à tir – constitue le divertissement royal et aristocratique par excellence. C’est aussi un moment de détente sportive, de quête d’exploit et un temps de sociabilité. Louis XIV et ses successeurs sont tous férus de chasse.

Dans cette première partie de l’exposition, chiens, costumes et accessoires de chasse font écho au décor des trois grandes tapisseries des Chasses royales commandées par Louis XV aux Gobelins. Le portrait de Marie-Antoinette en tenue de chasse ou encore le tableau Le déjeuner de chasse par Jean-François de Troy rappellent la place bien réelle des dames de la cour lors des parties de chasses à courre, notamment au moment des collations. La chasse à tir, discipline moins connue, est tout aussi appréciée des souverains qui sont tous d’excellents fusils et le journal de Louis XVI offre de spectaculaires décomptes de tableaux de chasse.

D’après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Tenture des chasses de Louis XV, 1736-1750. Tapisserie de haute lisse, Florence, Palais Pitti. Foto Arazzi Galleria Costume, Palazzo Pitti, Firenze.

2 – les derniers carrousels

Outre les parties de chasse, le plaisir équestre est aussi le centre d’un autre divertissement : le carrousel, qui a remplacé le tournoi interdit depuis la mort d’Henri II. Il connaît ses derniers feux à Versailles, en 1664 lors des Plaisirs de l’Ile enchantée, puis en 1685 et 1686 à l’initiative du Grand Dauphin, à la Grande Écurie. Mais cette forme de ballet équestre est vouée à disparaître. Costumes luxueux et harnachements chamarrés dans une grande manière baroque entraînent les seigneurs de la cour à des dépenses exorbitantes.

Attribué à Jean-Baptiste Martin l’Aîné, Alexandre et Thalestris Ou le Pompeux Carrousel des galantes amazones des quatre parties du monde. Donné à Versailles dans la cour d’Honneur de la Grande Écurie, les 28 et 29 mai 1686, 1686 ?. Château de Versailles © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Philipp Bernard.

3 – les lieux du divertissement

Tout Versailles, et au-delà, Marly et Trianon, est lieu de spectacle. Les scènes sont à la fois le parc et ses perspectives, et les appartements royaux que l’on aménage de façon provisoire ou durable, jusqu’à la construction de l’Opéra royal en 1770 (achevé à l’occasion du mariage du dauphin, futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette). Ce foisonnement des lieux de scène est à l’image de la brillante vie du spectacle à Versailles.

Les services des Menus-Plaisirs du roi, en charge de l’organisation des cérémonies, fêtes et spectacles à la cour, redoublaient d’ingénierie et de savoir-faire pour transformer, par exemple, le manège de la Grande Écurie en scène de théâtre ou en salle de bal, ou réaliser de véritables prouesses techniques comme la salle à transformations de l’Opéra royal.

Des restitutions en images 3D, fruits de la coopération scientifique du commissariat, de chercheurs et historiens avec la société ARISTEAS, invitent les visiteurs à entrer dans les lieux de représentations aujourd’hui disparus. Ils découvriront ainsi des endroits insolites où se jouaient comédies, tragédies, opéras et ballets de l’ordinaire, comme l’inconfortable salle de Comédie de la cour des Princes, le théâtre de l’Aile neuve ou encore la petite salle installée à même l’escalier des Ambassadeurs pour le théâtre des petits Appartements. Les visiteurs pourront également avoir l’illusion de pénétrer dans les espaces spécifiquement aménagés pour les spectacles de l’extraordinaire, comme la salle du Manège ou les extravagantes maisons de bois de la reine Marie-Antoinette.

Jean-Michel Moreau dit « le Jeune » (1741-1814), Vue de l’Opéra royal de Versailles. Dessin, plume et encre de Chine, Mai 1770. Château de Versailles © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï.

4 – À la comédie

Les trois dimensions du théâtre à la Cour :

l’ordinaire, l’extraordinaire et l’intime

L’ordinaire

En temps ordinaire à Versailles, le théâtre constitue une distraction qui se tient à jours fixes dans la semaine et à laquelle participent quelques centaines de courtisans. Le répertoire joué est très large, qu’il s’agisse de reprises ou de nouvelles créations : comédie italienne ou française, opéras ou opéras ballets, tragédies classiques. Ces représentations de l’ordinaire, dites « spectacles de la cour » sont données par trois troupes privilégiés :

• La comédie italienne est spécialisée dans les comédies en trois actes, les divertissements et pièces de circonstance en tous genres.

• La comédie française se réserve l’exclusivité des grands genres dramatiques, comédies et tragédies en cinq actes.

• La tragédie (lyrique ou opéra) est donnée par l’Académie royale de musique. À Versailles, qui ne possède pas de salle adaptée, contrairement à Saint-Germain et Fontainebleau, elle se joue sans décor ni machine, ni costume.

Charles Nicolas Cochin le Jeune (1715-1790), Représentation de La Princesse de Navarre à Versailles,lors du premier mariage du Dauphin, en 1745, 1745. Eau-forte et burin. Château de Versailles © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin.

L’intime

Parallèlement aux représentations de l’ordinaire, se développe une autre forme de théâtre sous la houlette de la duchesse de Bourgogne, puis de la marquise de Pompadour, avec le théâtre des Petits Appartements logé dans le grand escalier des Ambassadeurs avant sa démolition, et enfin sous l’impulsion de la reine Marie-Antoinette au théâtre du Petit Trianon. Il s’agit du théâtre de société, plus intime, joué dans un cercle plus choisi et devant lequel il arrive que la famille royale et ses proches revêtent eux-mêmes des costumes d’acteurs et se produisent sur scène.

L’extraordinaire

Lors des grands divertissements offerts à l’ensemble de la Cour par Louis XIV, les représentations ont parfois eu lieu à l’extérieur, dans la cour de Marbre, ou dans les jardins dans lesquels étaient aménagées des salles de spectacle éphémères capables d’accueillir une foule de spectateurs.

5 – Au concert

La musique est omniprésente à Versailles. Placée sous la tutelle du tout-puissant « Surintendant de la Musique de Sa Majesté », la musique accompagne la plupart des autres formes de divertissements : de la chasse aux bals en passant par les comédies-ballets ou les opéras et le théâtre. Mais c’est aussi un divertissement à part entière et ce ne sont pas les occasions qui manquent à la cour pour qui veut écouter de la musique, en assistant par exemple aux concerts d’appartement institués sous Louis XIV à partir de 1682.

Jean-Marc Nattier (1685-1766), Madame Henriette de France (1727-1752) jouant de la basse de viole, Huile sur toile, 1754. © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Christophe Fouin

Cette pratique est reprise aux générations suivantes, notamment par les reines qui jouent un rôle considérable pour promouvoir artistes et créations. La reine Marie Leszczynska initie ainsi les concerts de la Reine tandis que la dauphine Marie-Josèphe de Saxe, en musicienne formée et avertie, reprend le flambeau ; il en ressort une programmation riche et variée, témoignage du rôle discret mais réel des souveraines et des princesses dans l’art à Versailles. Et si la volonté royale est si directement présente dans ce domaine, c’est aussi que les membres de la famille royale sont eux-mêmes musiciens : Louis XIV aime jouer du luth et de la guitare, les filles de Louis XV sont des musiciennes confirmées, et Marie-Antoinette pratique la harpe.

6 – À la promenade

Les divertissements d’extérieur ne sont pas en reste : promenades à pied ou en calèche, marches vers la grotte de Téthys et ses bassins enchanteurs, vers le bosquet du Labyrinthe et les surprises de son bestiaire, parties de pêche aux bords des bassins, déambulations bucoliques dans le jardin de Trianon, etc.

Etienne Allegrain (1644-1736), Promenade de Louis XIV en vue du Parterre du Nord dans les jardins de Versailles. Huile sur toile, 1688. © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot.

Ces temps rythment la vie de Cour selon une étiquette variable, les lieux et les époques. Si Marly est le royaume par excellence des jeux de plein air avec la ramasse (sorte de luge rapide) et l’escarpolette (type de balançoire), Versailles propose le mail, ancêtre du golf. Les courtisans peuvent également jouer à la paume en extérieur ou en salle. Les plaisirs des jeux d’eau se déclinent en promenades en gondole sur le Grand Canal et la pièce d’eau des Suisses. Les joies du plein-air en agréable société sont aussi affaire de saison et les sources rapportent les courses de patinage sur le Grand Canal gelé ou de traîneaux dans la neige à la lueur des torches et au son des grelots d’argent brodés sur les harnais des chevaux. Pour les courtisans, audace et qualités sportives sont requises dans un monde en compétition où l’éducation et les qualités personnelles exigent de se surpasser en être et paraître.

7 – Au jeu

En fin d’après-midi, après avoir goûté aux charmes d’une promenade dans les jardins ou s’être dépensé à suivre la meute à la chasse, le courtisan est invité à rejoindre le Grand Appartement pour la soirée.

Antoine Trouvain, Seconde chambre des appartements : le Grand Dauphin jouant aux cartes avec le maréchal-duc de Vendôme représenté en 1694 et les membres de la famille royale lors des soirées d’appartement à Versailles. © Château de Versailles

C’est le temps du jeu ; jeux de cartes comme le lansquenet ou l’hombre, jeu de hasard comme le portique, jeu d’adresse comme le billard. Le jeu s’immisce partout, dans le petit appartement du roi, dans les grands cabinets des appartements princiers, dans les logements des courtisans ; jeux d’argent où certains construisent des fortunes et d’autres se ruinent. La reine Marie Leszczynska aime les parties de cavagnole et mise fort cher, la reine Marie-Antoinette et le comte d’Artois jouent au pharaon si dispendieux et risqué, Louis XVI préfère la stratégie sage et simple du tric-trac, ancêtre du backgammon.

Pierre Claude Mané (actif vers 1765-1785), Table à jeux de trictrac, de dames, d’échecs et à écrire, 1780. Placage de bois satiné et de bois de rose, ivoire et ébène, maroquin, Château de Versailles © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Hervé Lewandowski.

À la cour, le jeu revêt trois formes :

• « Le jeu du roi » et « le jeu de la reine » se tiennent lors des soirées d’appartement de Versailles sous Louis XIV ; le jeu de Marie Leszczynska dans le salon de la Paix à partir de 1739 ; et sous les trois règnes dans le grand salon de Marly avec, notamment les loteries.

• « Le grand jeu », aux soirées de « grand appartement » lors des grandes fêtes royales, est un spectacle offert à un public plus large que la cour.

• Le jeu intime, où l’assemblée est restreinte et l’étiquette plus relâchée, se joue après les soupers du roi dans ses petits cabinets ou chez un courtisan

8 – Au bal

Les réjouissances s’achèvent souvent par un bal, divertissement relevant de l’art de la danse qui, comme le maintien, le port et la démarche, s’acquiert dès le plus jeune âge sous le regard de grands maîtres de danse (Beauchamp, Pécour, Ballon et plus tard Lany, Laval, Gardel et Vestris). Mais sous ses allures légères, il ne faut pas perdre de vue la difficulté de l’exercice lors, par exemple, des bals parés, donnés en de grandes occasions, où les couples rivalisent d’élégance en grands costumes et se produisent dans un ordre bien précis, sous le regard admiratif ou moqueur de toute la cour assemblée.

Au temps de Louis XIV, les bals ordinaires ont lieu tous les samedis dans le salon de Mars ou la galerie des Glaces. Sous Louis XV, Versailles danse de façon dispersée, surtout dans le salon d’Hercule, mais parfois aussi en quatre endroits (Hercule, Mars, Mercure et Apollon). Plus tard, on compte aussi le petit théâtre de la cour des Princes, qui agrandi, peut se transformer en salle de bal. Marie-Antoinette redonne à partir de 1775 tous leurs fastes aux bals de la cour, les mercredis, depuis le commencement de l’année jusqu’au Carême, notamment dans les maisons de bois, constructions éphémères.

Antoine Trouvain (1652 ?-1708), Marie de Lorraine, duchesse de Valentinois, en habit de bal, Vers 1694. Estampe aquarellée. Versailles, Châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / El Meliani.

Les bals d’appartement à l’étiquette moins rigide étaient certainement les plus divertissants. Les bals costumés ou masqués, offrant plus de liberté, se développent sous le règne de Louis XV. Le plus célèbre d’entre eux est le Bal des Ifs, le 25 février 1745, durant lequel la foule bigarrée des courtisans a la surprise de voir apparaître huit ifs parmi lesquels se cache le roi.

Des historiens de la danse ont restitué les chorégraphies d’anciennes danses telles que la courante, le menuet ordinaire, diverses contredanses, ainsi que la chorégraphie du célèbre bal des Ifs donné sous Louis XV. Des vidéos présentent ces pas retrouvés et invitent les visiteurs de l’exposition à danser avec la cour.

Les visiteurs se retrouveront face à face avec un costume mythique et aujourd’hui disparu, restitué pour l’exposition : le costume d’if porté par Louis XV lors du célèbre Bal des Ifs donné dans la galerie des Glaces en 1745, à l’occasion du mariage du Dauphin (fils aîné de Louis XV). Il a été entièrement confectionné grâce au savoir-faire des ateliers de costumes de danse de l’Opéra national de Paris, avec le concours des élèves du lycée Octave Feuillet, en taille réelle. Grâce à l’étude des sources historiques (registre de comptes des Menus-Plaisirs pour la fête de Mariage du dauphin, gravure en couleurs de Charles Nicolas Cochin conservée au musée du Louvre, et chorégraphie du bal transcrite et conservée à la Bibliothèque-Musée de l’Opéra national de Paris), les historiens et les spécialistes de la danse ont pu guider le travail des artisans et déduire de leur recherches l’apparence du costume.

Jean Lepautre (1618-1682), Cinquième journée. Feu d’artifice sur le Grand Canal de Versailles, le 18 août 1674, 1676, eau-forte et burin, Château de Versailles © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / EPV.

9 – Les effets du merveilleux

Effets spéciaux, monstres, gloires et autres effets sonores entraînent les gens de cour dans un monde féérique, révélateur tout autant de l’inventivité des dessinateurs de la Chambre du Roi et des machinistes, que de la passion des souverains pour les effets baroques.

Les illuminations et feux d’artifice ajoutent encore au grandiose et au merveilleux des grandes fêtes avec des architectures éphémères qui s’enflamment, des gerbes multicolores ou des milliers de lumignons scintillant le long des allées du Parc ou du Grand Canal. À chaque fois, le spectacle demande créativité, technicité et ingéniosité. Pour l’occasion, les meilleurs artificiers sont sollicités.

Pour parfaire l’expérience des fêtes à Versailles, l’exposition présente des accessoires de théâtre – monstre, marotte, diable surgissant de trappes – reconstitués pour la première fois, en grandeur nature, à partir de documents originaux, en utilisant uniquement des matériaux traditionnels. De même, la reconstitution d’une charpenterie de théâtre en coupe permet de mieux comprendre les effets de nuées et de gloires, qui se meuvent grâce à un système ingénieux de poulies. Tous ces mécanismes seront conservés par le château de Versailles à des fins pédagogiques afin d’illustrer le matériel de scène et d’effets au Théâtre de la Reine à Trianon.

Les illuminations

Les divertissements de 1674 se répartirent sur six journées (les 4, 11, 19 et 28 juillet et les 18 et 31 août). Le roi célébrait à cette occasion la seconde conquête de la Franche-Comté, conviant la cour, les ambassadeurs, les bourgeois de Paris et la noblesse franc-comtoise, à découvrir son palais mis en scène. Des aménagements décorés et illuminés servaient de cadre aux spectacles. La cour de marbre fut également métamorphosée à deux reprises pour servir ces festivités. Le 4 juillet, premier jour de la fête, la tragédie en musique Alceste de Quinault et Lully, fut représentée sans machine sur une scène disposée dans la cour. Vigarani avait magnifié le lieu par un abondant éclairage soulignant l’architecture. Afin d’imiter les châssis latéraux des scènes de théâtre, il fit disposer des vases à orangers alternant avec des piédestaux chargés de porcelaines et de girandoles. Quelques semaines plus tard, le 28 juillet, la cour de marbre fut à nouveau transformée par les talents de Vigarani pour accueillir un repas servi en musique. La table fut disposée autour de la fontaine. Au-dessus, huit consoles animées de figures d’argent drapées d’or soutenaient une colonne de feu de 6 mètres de haut.

Le château ne fut pas le seul lieu magnifié par ces fêtes. Outre la grotte de Thétis, les bosquets ou la ménagerie, Louis XIV souhaita célébrer le Grand Canal dont les travaux s’achevaient. Après une promenade en gondole le 19 juillet et un feu d’artifice le 28 juillet, on demanda à Le Brun de concevoir pour la nuit du 18 août, un feu extraordinaire qui serait tiré des bords, mais aussi sur le canal. Le peintre conçut une machine de 15 mètres de face et autant de haut, élevée sur 7 bateaux qu’une équipe de mariniers faisait avancer comme par enchantement sur l’eau. Enfin, le 31 août, pour la dernière nuit des festivités, la cour embarqua sur des gondoles pour découvrir cette vaste étendue d’eau bordée de figures, de fontaines et de palais de lumière peints de couleurs vives. Précieuses évocations de ces magnificences, les estampes peinent toutefois à rendre la vivacité des couleurs et des ors scintillants qui métamorphosaient le château et ses jardins.

Bouquet final de l’exposition, une grande projection permet aux visiteurs d’être spectateurs, comme s’ils y avaient assisté, des grandes illuminations de 1668 et 1674. Les différentes étapes du spectacle, habituellement figées sur les gravures en noir et blanc, s’animent ici successivement dans les couleurs réelles des lumières et des feux retrouvées grâce aux mémoires de l’époque.

En savoir plus:

Fêtes et divertissements à la cour

jusqu’au 26 mars 2017

Salles d’Afrique et de Crimée.

http://www.chateauversailles.fr

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