Biscuit de Sèvres monté en Lampe

Gracieuse figure féminine, vêtue d’un drapé à l’antique, les cheveux rassemblés en un chignon, assise sur une lampe à huile, un livre ouvert sur ses genoux, en biscuit de Sèvres, reprenant l’allégorie de l’Étude, d’après le modèle connu dessiné par Louis Simon Boizot ( 1743-1809 ).

Ce beau biscuit, d’époque début XIXe siècle, monté postérieurement en lampe, repose sur une base en bronze ciselé et doré de forme oblongue, soulignée d’une frise de feuilles d’eau. Un décor de rosace, rinceaux, fleurettes, feuilles d’acanthe et palmettes vient en applique, au centre, sur l’avant et l’arrière.

Biscuit de Sèvres monté en Lampe. (c) Mon Antiquaire : Géraldine Buisson, Proantic.


Le bec de la lampe à huile, en lieu et place d’une flamme, se pare d’un vase à l’antique couvert, orné de cannelures, d’une frise de feuilles de laurier, d’une frise de feuilles d’eau et d’une pomme de pin stylisée en son sommet. Il est retenu par deux graciles rinceaux s’échappant le long du bec.

Travail d’une grande finesse confirmant la qualité des productions de la Manufacture de Sèvres. Signé sur le côté.

Biscuit de Sèvres monté en Lampe. (c) Mon Antiquaire : Géraldine Buisson, Proantic.

Ce sujet évoque, comme beaucoup d’autres à partir de l’époque Louis XVI jusqu’à la fin de l’époque Empire, l’engouement pour les récentes découvertes d’œuvres anciennes, non seulement à travers des gravures, mais aussi à travers les nombreux dessins réalisés par des artistes qui ont visité les sites archéologiques de Pompéi et Herculaneum. Forts d’une riche et abondante documentation visuelle, les artistes puisèrent leur inspiration dans tous les domaines. Des recueils tels que ceux du comte de Caylus: «Recueil d’Antiquités Égyptiennes, Étrusques, Grecques et Romaines» (1752) et Johann Winckelmann: «über die Nachahmung der grieschische Werke» (1755) contribuèrent à étoffer leur inspiration.


Ce regard nouveau sur l’antiquité a ainsi, directement ou indirectement, inspiré l’esthétique de la pièce ici présentée: Une lampe de style antique, par exemple, représentant la figure de l’étude ( initialement accompagnée de la figure de la philosophie ), a été basée sur un dessin de l’abbé de Saint-Non (1727-1791), aujourd’hui au Victoria & Albert Museum de Londres, montrant une lampe sur laquelle repose un jeune homme écrivant sur une tablette.

À l’origine, elle forme pendant avec l’allégorie de la Philosophie : la paire ainsi formée s’intitule « l’étude et le philosophe» , créée en 1776 par Boizot pour la Manufacture Royale de Sèvres dont il est le directeur de «l’atelier sculpture» à compter de 1773. Ces modèle connurent un grand succès et furent produits à Sévres jusqu’en 1786. Louis Simon Boizot supervisa la mise en œuvre de plus de 150 de ses modèles, dont les bustes officiels de Louis XVI et de sa femme Marie-Antoinette. À l’instar de Boizot, Pierre Philippe Thomire ( 1751-1843 ), sculpteur, bronzier, fondeur, ciseleur et doreur, officia également à la Manufacture royale de Sèvres aux côtés de Jean-Claude Duplessis ( directeur artistique ) pour la réalisation des montures en bronze de certaines pièces. Au décès de ce dernier en 1783, Thomire lui succéda et fournit toutes les montures des productions de la célèbre Manufacture. On peut aisément imaginer la proximité professionnelle de Boizot et Thomire et comprendre comment l’illustre bronzier-ciseleur obtînt l’autorisation d’utiliser les dessins pour les décliner en bronze à patine brune et dorée.
François Rémond ( 1747-1812 ), maître ciseleur et doreur, fut également le seul avec Thomire à pouvoir reproduire les figures de L’Étude et de La Philosophie sur une pendule dont le croquis à l’aquarelle montre les deux figures assises de chaque côté du cadran de l’horloge, cadran surmonté d’un aigle (Ottomeyer et Pröschel, p. 295, pl. 4.17.5). Ce modèle fut créé en réponse à une commande du marchand mercier Dominique Daguerre, qui en 1788, livra deux de ces horloges au roi Louis XVI à Saint-Cloud. Par la suite, Napoléon en fit également la commande auprès de François Rémond afin de l’offrir à plusieurs de ses valeureux maréchaux. Ainsi, ce modèle de pendule est également dit «aux maréchaux».

Louis Simon Boizot
Sculpteur français de la fin du XVIIIe siècle ( 1743-1809 ), Boizot fut l’élève de Michel-Ange Slodtz et se fît remarquer le premier prix de Rome en sculpture sur le thème de la Mort de Germanicus. Entré à l’école royale des élèves protégés, ce succès lui permit de partir pour Rome en 1765. Il y séjourna cinq ans à l’Académie de France. Dès son retour en France il fut agréé par l’Academie et devint académicien en 1778 avec une statue de Méléagre. Il fit un rapide passage à l’école des beaux arts en tant que professeur (1805-1809). Sa carrière prend un véritable virage en 1773 lorsqu’il succéda au sculpteur Falconnet à la tête des ateliers de sculptures de la Manufacture de Sèvres où il créa de nombreux sujets allégoriques ou mythologiques jusqu’en 1800.

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