La composition semble figer l’instant après une altercation : Un gentilhomme du XVIIᵉ siècle, vêtu d’un pourpoint court orné de rubans et chaussé de hautes bottes, rengaine calmement son épée à garde en coquille en remontant les marches d’un porche.
À ses pieds, un troubadour ou ménestrel est projeté au sol, encore sonné, son luth renversé plus loin sur le pavement.
Tout indique que le gentilhomme vient de lui infliger une correction, non mortelle mais humiliante : une querelle réglée en quelques secondes, dans l’esprit des scènes de cape-et-d’épée.
Le sourire discret de l’homme, la nonchalance de son geste et l’abandon du musicien renforcent cette lecture narrative, typique du théâtre moral du XVIIᵉ siècle revisité par les artistes du XIXᵉ.
À l’arrière-plan, les clochers gothiques d’une cité se découpent dans une lumière dorée de fin de journée, ajoutant à l’atmosphère romanesque et dramatique.
La finesse du trait, le rendu des étoffes, de la pierre et des accessoires témoignent de la formation académique de Mouchot.
L'oeuvre est mise en valeur dans un cadre d’époque en bois et stuc doré patiné, à riche décor : de larges feuilles d’acanthe, alternées de culots sculptés. Cadre ancien présentant de légères usures, toutes cohérentes avec son âge, et très décoratif.
Biographie de Ludovic Mouchot (1847–1893)
Né à Poligny, Louis Hippolyte “Ludovic” Mouchot révèle très tôt des talents artistiques remarqués par Jules-César Ballandrin. Il étudie ensuite à l’École des Beaux-Arts de Paris, auprès de deux maîtres prestigieux :
Alexandre Cabanel, figure centrale du mouvement académique ;
Adolphe Yvon, spécialiste des grandes scènes historiques.
Mouchot expose au Salon dès 1865, à seulement 18 ans. Il se distingue par ses portraits et ses scènes de genre, notamment celles inspirées du XVIIᵉ siècle : duellistes, scènes d’auberge, joueurs de cartes, gentilshommes en pleine action.
Illustrateur et graveur, il collabore à une grande édition illustrée de Victor Hugo. Il meurt en 1893 à Paris. Plusieurs de ses œuvres sont conservées au musée de Poligny.
Commentaire:
Une scène vivante, théâtrale et subtilement humoristique, où Mouchot met en image la correction infligée par un élégant gentilhomme à un ménestrel trop impertinent. Une œuvre fraîchement restaurée, superbement cadrée, et très représentative du goût fin XIXᵉ pour les récits de cape-et-d’épée.



































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