Parallèlement, la culture et la mode connaissaient un retour aux idéaux classiques, et l'on assistait à une période de néoclassicisme fervent. La femme inconnue représentée dans ce tableau grave un message dans l'arbre à côté d'elle : « LA VIE EST LE RÊVE D’UNE OMBRE » [Life is the dream of a shadow]. La citation pourrait être tirée du livre qu'elle a laissé tomber au sol, ou s'en inspirer. Il s’agit probablement des mots du poète grec antique Pindare, « Man is the Dream of a Shade»[1], qui sont aussi souvent traduits par « Man is the Dream of a Shadow». Au début du XIXe siècle, on assista à une montée du philhellénisme à travers l'Europe, qui soulignait les fondements de la civilisation occidentale sur les Grecs. Ce mouvement était particulièrement populaire en Autriche, où une société philomuse fut fondée à Vienne en 1814. Ces sociétés étaient liées aux idéaux révolutionnaires grecs, et leur popularité contribua au déclenchement de la guerre d'indépendance grecque en 1821.
Il est possible que la personne représentée soit une femme très instruite qui souhaitait véhiculer un tel message. Autour de son cou, elle porte une loupe fixée à un collier, qui a peut-être servi à lire le livre qu'elle a laissé tomber, ainsi que d'autres ouvrages. Elle souhaitait aussi clairement donner l'impression de suivre les tendances de la mode de l'époque. Sa robe, à taille haute et manches légèrement bouffantes, est typique du milieu des années 1810. Elle porte par ailleurs ce qui semble être un châle du Cachemire, ainsi qu'une écharpe confectionnée dans une étoffe similaire autour du cou. Ces châles commencèrent à apparaître en Europe sous le règne de l'empereur Napoléon, importés d'Inde. Les femmes élégantes de l’époque, y compris l’épouse de Napoléon, Joséphine Bonaparte (1763-1814), étaient souvent vues portant ces tissus. Tout comme à l'époque de Marie-Antoinette, dauphine, les femmes de pouvoir et d'influence politiques exerçaient encore une influence majeure sur les tendances de la mode. De plus, les changements politiques continuaient d'influencer la façon dont les gens s'habillaient et dont ils souhaitaient se présenter.
[1] Tiré de la traduction de Gregory Nagy, The Center for Hellenic Studies, https://chs.harvard.edu/primary-source/pindar-pythian-8-sb/.

























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