Acrylique sur panneau de bois.
150 x 170 cm
Provenance:
Atelier de l'artiste
Collection privée, sud de la France
Exposition Qriosa à la Galerie Pentcheff, 2019.
Le sexe est l’une des grandes obsessions de Ben Vautier. La thématique « Ben sex-maniac » est d’ailleurs un fil rouge dans le travail de l’artiste, tant le sexe est à l’origine de tout, de la vie même. L’artiste compose ici son propre cabinet de curiosités érotiques, fait d’objets dévoyés, tournés en dérision par l’appropriation de l’artiste, à l’image de cet austère portrait de femme qui lorgne un phallus qui lui est collé sous le nez. Ou de cette tapette à mouches destinée à fesser le cul de la photographie punaisée juste à côté, tentation qui se passe de mots. Le paravent érotique est un sacré morceau, liant le sexe à l’égo, l’amour à la mort, dans ce jeu de cache-cache sexuel, recto-verso : « l’envie, le désir, le plaisir se cache derrière les paravents ». L’hommage à Félix Faure, ainsi affectueusement intitulé en souvenir des circonstances du décès de cet ancien président français, surimpose à des ébats sexuels bucoliques qui figuraient sur une toile de maison-close, les mots, les phrases de l’artiste, dans un pêle-mêle joyeux et licencieux répondant à celui des corps qui s’ébattent. « Pas d’art sans sexe ». Ben s’amuse encore… du sexisme, du fétichisme, de la fidélité, de la vanité sexuelle, du désir enfin. « C’est la vie ».
Ben Vautier :Tout est art, surtout la vie
Ben Vautier,plus connu sous le nom de Ben, est né le 18 juillet 1935 à Naples ets’est éteint le 5 juin 2024 à Nice. Artiste libre, provocateur et inclassable,il a fait de sa vie entière une œuvre d’art. Figure majeure de l’avant-gardefrançaise du XXe siècle, il a toujours revendiqué que tout pouvait devenirart, pour peu qu’on ose le dire, le faire, ou simplement le signer.
Issu d’unefamille d’origine suisse et irlandaise, Ben grandit entre plusieurs paysméditerranéens — Italie, Turquie, Égypte — avant de s’installer à Nice à la findes années 1940. Cette enfance cosmopolite nourrit très tôt ses réflexions surl’identité, la langue et la diversité culturelle, qui traverseront toute sonœuvre.
En 1958, ilouvre à Nice "le Magazin", une boutique où il vend des disquesd’occasion, des objets insolites et ses premières créations artistiques. Celieu devient rapidement un espace d’expérimentation, d’exposition, et de remiseen question permanente du statut de l’art. Ben y développe une penséeoriginale, qu’il nommera plus tard l’ego art, centrée sur l’affirmationde soi comme geste artistique.
Influencé parMarcel Duchamp, Dada, John Cage et Yves Klein, Ben rejoint dans les années 1960le mouvement Fluxus, collectif international prônant un art libéré desconventions, du spectaculaire, et même du "beau". Il multiplie alorsles performances, les happenings, les actions où tout — le mot, le geste, lesilence, l’accident — devient matière à création. Il interroge sans relâche :Qu’est-ce quel’art ? Qui décide ? Pourquoi ceci et pas cela ?Son styleemblématique, ce sont ses écritures en blanc sur fond noir, aphorismescourts et fulgurants, qui tiennent à la fois de la provocation et de laphilosophie populaire :« Tout est art»,« Je suis un menteur »,« L’art, c’est de dire que c’est de l’art »,« Cette phrase est un tableau ».Ben défendaussi activement les langues minoritaires, les cultures régionales, etles idées anti-centralisatrices. Son engagement, parfois controversé, esttoujours animé par une conviction : la pensée critique doit être libre,vivante, sans peur du jugement.
Ses œuvressont exposées dans le monde entier, de la Documenta de Kassel à la Biennale deVenise, et une grande rétrospective lui est consacrée au Centre Pompidou en2001. Il reste toute sa vie très attaché à Nice, où sa maison-atelier devientune œuvre en soi, saturée de mots, de panneaux, de formules peintes sur lesmurs, les objets, les meubles.
Jusqu’à sa mort, Ben n’a jamais cessé d’écrire, peindre, signer,interpeller. Il a ouvert des brèches durables dans le monde de l’art, enmontrant que l’essentiel n’est pas de produire des objets, mais de fairecirculer des idées, de déranger les certitudes, de provoquer la pensée.Ben laisse uneœuvre dense, libre, radicale, profondément humaine. Il aura transformé ledoute en méthode, la parole en matière, l’existence en art.
Découvrez plus d’œuvres de cet artiste sur le site de la galerie : https://www.galeriepentcheff.fr/fr/peintre-ben-vautier