Huile sur panneau, cachet en bas à droite
45 x 37 cm
Provenance :
Atelier Alfred Lombard
Galerie Alexis Pentcheff
Collection Privée, France
Bibliographie :
Giulia Pentcheff, Alfred Lombard (1884-1973), Editions Galerie Alexis Pentcheff, 2019, reproduit p.202, n°142
Exposition :
Alfred Lombard, Couleur et intimité, Musée Regards de Provence, Marseille, 13 mars - 22 aôut 2015, reproduit au catalogue d'exposition en p.77.
Alfred Lombard : Peintre libre et pionnier de la
modernité en Provence
Né à Marseille
en 1884 dans une famille bourgeoise, Alfred Lombard est un artiste à la
trajectoire singulière, profondément enraciné en Provence mais ouvert aux
avant-gardes de son temps. Initialement engagé dans des études d’histoire et de
lettres pour satisfaire les attentes familiales, il abandonne rapidement cette voie
pour suivre son véritable appel : la peinture.
Dès ses débuts, il rejette
l’académisme figé et cherche à se former au contact direct des œuvres, des
artistes et de la nature.
Son parcours
artistique débute dans l’atelier d’Alphonse Moutte, avant de s’affirmer en
totale indépendance. Animé d’un idéal de liberté créatrice, Lombard se
lie à une génération d’artistes provençaux — Camoin, Verdilhan, Chabaud,
Seyssaud — avec lesquels il partage une même volonté de renouveler l’art local
et de briser l’isolement culturel de la région. Ensemble, ils initient une «
renaissance provençale » qui vise à faire rayonner Marseille et ses environs
sur la scène artistique nationale. Ce mouvement s’incarne notamment dans la
création du Salon de Provence en 1906 et, quelques années plus tard,
dans les Salons de Mai.
En parallèle,
Lombard s’impose rapidement dans les Salons parisiens, où il est reconnu
comme l’un des jeunes peintres fauves prometteurs. Deux expositions
personnelles lui sont consacrées dans les galeries prestigieuses Rosenberg
(1914) et Druet (1925).
Pourtant, l’artiste refuse les logiques marchandes du
milieu de l’art et choisit de s’en éloigner. Son indépendance financière lui
permet de mener une œuvre expérimentale et libre, en dehors des circuits
officiels.
Dans les
années 1920, son style évolue : moins flamboyant, plus introspectif, il
explore les natures mortes et les nus dans des compositions épurées, où la
couleur reste au cœur de sa recherche. Puis, dans les années 1930, il se tourne
vers l’art décoratif monumental, notamment grâce à sa collaboration avec
l’architecte Pierre Patout. Ensemble, ils signent des décors prestigieux comme
ceux des paquebots Atlantique (1931) et Normandie (1934). Lombard
cherche alors à adapter les acquis de la peinture moderne à l’échelle murale,
dans une réflexion exigeante sur les rapports entre l’œuvre, l’espace et
l’architecture.
Sa démarche se
prolonge jusqu’aux années 1970, marquée par une ouverture à l’abstraction et
une constante remise en question de la place de l’artiste et du geste créatif.
Alfred Lombard s’éteint à Toulon en 1973.
Longtemps restée confidentielle, son
œuvre est redécouverte dans les années 1980 grâce à l’engagement de sa fille, Claude
Féral, et d’institutions comme le musée de l’Annonciade ou la galerie
Alexis Pentcheff, qui lui consacre une grande rétrospective en 2014.
La publication
en 2019 d’une monographie et d’un essai de catalogue raisonné par Giulia
Pentcheff vient consacrer cette redécouverte tardive. Aujourd’hui, Lombard
apparaît comme une figure essentielle, bien que longtemps oubliée, de la
modernité artistique en Provence — un peintre libre, audacieux, inclassable,
qui a su conjuguer tradition, révolte et invention.
Découvrez plus d’œuvres de cet artiste sur le site de la galerie : https://www.galeriepentcheff.fr/fr/peintre-alfred-lombard#Oeuvres