FRANK MYERS BOGGS (1855-1926) / LE MOULIN À DORT-HOLLANDE / 1907 /fusain/ Molens bij Dordrecht

Frank Boggs (1855–1926)
Le moulin à Dort, 1907,  Fusain sur papier.
Signé en bas à gauche et daté "Dort 1907",
également annoté au verso : "Paysage au moulin, Dort, Hollande, 5 juillet 1907."

21 x 13 hors cadre
40.5 x 29.5 avec cadre

Ce dessin au fusain de Frank Boggs représente un paysage typiquement hollandais, dominé par un moulin à vent aux pales massives, dressé près d’un canal. Une maison aux toits pentus se détache à l’arrière-plan, tandis que des arbres élancés rythment le premier plan. Une fumée s’élève de la cheminée, introduisant une touche de vie dans une scène paisible, baignée d’une lumière sobre que le fusain rend avec subtilité.
La composition est équilibrée, avec une grande maîtrise des volumes et de la perspective atmosphérique. La spontanéité du trait et la vivacité du fusain rappellent la méthode de travail en plein air adoptée par Boggs dès la fin du XIXe siècle. Le rendu nerveux mais précis de la végétation et des structures témoigne d’un regard d’architecte et de peintre, parfaitement exercé à capter la réalité tout en la sublimant.

Ce dessin est daté du 5 juillet 1907. Il fait partie des nombreuses œuvres que Frank Boggs a consacrées à la Hollande, pays qu’il visita à plusieurs reprises dès les années 1880. On retrouve dans ses carnets et dans les collections publiques plusieurs vues de ports et de moulins à vent, réalisés à Zaandam, Watteville ou Dordrecht (également appelée Dort, son ancienne forme toponymique, souvent utilisée dans la littérature artistique du XIXe siècle).

L’intérêt de Frank Boggs pour la Hollande s’inscrit dans une démarche artistique cohérente. Peintre de ports et de scènes maritimes, il fut très tôt attiré par les paysages aquatiques et les architectures vernaculaires néerlandaises. Ces lieux, où le ciel, l’eau et les bâtisses dialoguent en permanence, correspondaient parfaitement à sa sensibilité pour la lumière diffuse et les ambiances brumeuses.
Cette inclinaison est sans doute renforcée par l’influence de Johan Barthold Jongkind, dont il partage l’approche impressionniste du paysage. À l’instar de ce dernier, Boggs explore les canaux, les quais, les moulins, les reflets dans l’eau — motifs qu’il décline à travers des huiles, des aquarelles et des dessins, comme ici.

Frank Myers Boggs (1855–1926) est un peintre et graveur américain, naturalisé français, célèbre pour ses vues de ports, de quais, de canaux et de paysages urbains. Né à Springfield (Ohio), il commence sa carrière comme illustrateur à Harper’s Weekly avant de s’installer à Paris dans les années 1870. Élève de Jean-Léon Gérôme à l’École des Beaux-Arts, il s’oriente rapidement vers une peinture de plein air influencée par l’impressionnisme. Il parcourt l’Europe et peint les ports de Normandie, les rives de la Seine, mais aussi Londres, Venise, Alger ou les canaux de Hollande, qu’il visite dès 1884. Il affectionne particulièrement les atmosphères brumeuses, les reflets sur l’eau, les ambiances portuaires, qu’il traduit dans une palette sobre et lumineuse. Son style, entre réalisme et impression, évoque parfois Jongkind, qu’il admire. Frank Boggs expose régulièrement au Salon, reçoit des commandes officielles, devient membre du Salon des Artistes Français, et est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1923. Il meurt à Paris en 1926. Ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le musée d’Orsay, le Metropolitan Museum de New York, le musée des Beaux-Arts de Marseille et le musée de Meudon, qui possède un important fonds de ses dessins et peintures.