Musée de la Compagnie des Indes de Lorient

Les collections ont commencé à être rassemblées à partir des années 1960 sous l’égide du comité du tricentenaire avec pour objectif l’organisation de l’exposition Lorient et la Mer en 1966. Trente-trois oeuvres ont été offertes à la Ville de Lorient par le comité du tricentenaire à l’issue de l’exposition. Ces oeuvres constituent le noyau originel de la collection.

Le Musée de la Compagnie des Indes
Le Musée de la Compagnie des Indes

L’accélération en matière d’acquisitions se fait après la décision du conseil municipal en date du 25 juin 1980, d’installer son musée au sein de la citadelle de Port-Louis dans le cadre du projet de musée de la Mer pour l’Atlantique. C’est André Garrigues, directeur de la bibliothèque de Lorient qui est en charge de la constitution des collections.

Porcelaine, émaux polychromes sur couverte, or et argent. Chine - règne de Kangxi (1662-1722), verseuse vers 1715-1720, monture vers 1735-1740
Porcelaine, émaux polychromes sur couverte, or et argent. Chine – règne de Kangxi (1662-1722), verseuse vers 1715-1720, monture vers 1735-1740

Les collections très diversifiées ont été réunies dans le but d’illustrer les principaux thèmes suivants :

  • Histoire des compagnies ayant reçu du roi le privilège du commerce vers les pays d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes, épisodes politiques ou économiques afférant,
  • Développement du port et de la ville de Lorient, activités du port,
  • Navigation et vie à bord des vaisseaux de la compagnie, équipages,
  • Activité des comptoirs,
  • Marchandises importées dans le cadre de ce commerce.
Porcelaine de Chine. Terrine plate et son présentoir. 18e siècle, règne de Yongzheng (1723-1735). Famille verte. (c) Musée de la Compagnie des Indes (Lorient)
Porcelaine de Chine. Terrine plate et son présentoir. 18e siècle, règne de Yongzheng (1723-1735). Famille verte.
(c) Musée de la Compagnie des Indes (Lorient)

A travers la diversité des collections, typique d’un musée d’art et d’histoire, une prépondérance des céramiques (400), plus exactement des porcelaines d’exportation chinoises du XVIIIe siècle, se profile nettement. Les estampes forment le deuxième lot important. Les collections dont les domaines sont très variés sont aussi marquées par une forte présence des objets extra-européens. Ils représentent en effet plus de la moitié des oeuvres. Les objets du monde maritime et surtout les arts décoratifs finissent de caractériser la nature de cette collection.

Maquette du "Soleil d'Orient" / © Musée de la Compagnie des Indes, Ville de Lorient
Maquette du « Soleil d’Orient » / © Musée de la Compagnie des Indes, Ville de Lorient

Céramiques

Le musée conserve une importante collection de porcelaines de Chine du XVIIIe siècle, réalisées pour l’exportation vers l’Europe. Cet ensemble, qui représente un des attraits majeurs du musée, a été constitué dès 1903 par le legs Galabert. Il a ensuite été considérablement enrichi par l’acquisition de la collection Hervouët en 1987.

Boîte à thé. Porcelaine, bleu de cobalt sous couverte, rouge de fer sur couverte et or. Chine - règne de Kangxi (1662-1722), entre 1700 et 1720. Musée de la Compagnie des Indes, © Yvon Boëlle
Boîte à thé. Porcelaine, bleu de cobalt sous couverte, rouge de fer sur couverte et or. Chine – règne de Kangxi (1662-1722), entre 1700 et 1720. Musée de la Compagnie des Indes, © Yvon Boëlle

Depuis, la collection est régulièrement enrichie par des dons ou des acquisitions, grâce notamment au concours du Fonds régional d’acquisition pour les musées (FRAM) de Bretagne et de la Société des amis du musée.

Les dépôts du musée des Beaux-Arts de Rennes, du musée des Beaux-Arts de Quimper, du musée national des Arts asiatiques – Guimet, du musée national de la Marine et du musée Carnavalet de Paris viennent également renforcer la collection de céramiques du musée de la Compagnie des Indes.

Maquettes et navigation

Entre 1976 et 1989, Jean Delouche a réalisé, sur commande, seize maquettes et dioramas qui sont venus enrichir de manière magistrale les collections du musée. Par leur rigueur scientifique, le regard vivant qu’elles portent sur la vie à bord des navires de la Compagnie, elles sont un outil pédagogique de premier plan. Scientifiques, réalistes et ludiques, ces maquettes sont, en quelque sorte, les chefs d’oeuvres du point de vue de la thématique maritime.

L’année 2013 a été marqué par l’acquisition d’une nouvelle maquette par le musée : la frégate Le Dromadaire. Cette maquette exceptionnelle est l’une des deux seules maquettes connues de navires de la Compagnie des Indes datant du XVIIIe siècle. Elles est présentée au public pour la première fois en 2014.

Les textiles

Les navires de la Compagnie ont les cales chargés de salpêtre, de poivre et de quelques épices lorsqu’il reviennent d’Inde. Mais ce sont avant tout les textiles indiens de soie et surtout de coton qui font le volume des cargaisons indiennes.

Les agents de la Compagnie classaient les textiles en deux grandes catégories : les cotons blancs et les prohibés.

Les cotons blancs comprennent les toiles et les mousselines. Ces dernières étaient principalement réalisées dans le Bengale où la Compagnie possédait, autour des comptoirs de Chandernagor et Daka, des loges à Patna, Cassimbazar, et Balassor. Les blancs ne font pas l’objet d’une prohibition, néanmoins, ils sont soumis à une marque pour vérifier l’acquittement des taxes sur la vente des marchandises d’Asie.

Les prohibés comportent plusieurs catégories de textiles : les étoffes de soie pure, les étoffes mixtes de soie et de coton, les toiles de coton colorées par tissage, par immersion et par impression. Les toiles colorées par tissage sont une spécialité de la côte de Coromandel. Depuis l’application en 1686 des mesures protectrices en faveur de l’industrie textile française, les étoffes colorés par impression, les chittes connues aujourd’hui sous le nom d’indiennes sont également prohibées.

Tissus colorés, rayés, carroyés, imprimés ou composés de soie en provenance d’Inde se voient interdire le territoire jusqu’à la veille de la Révolution française. Leur présence y est pourtant certaine grâce à une contrebande active alimentée par les importations frauduleuses et la pacotille des marins.

Mobilier et objets d’art

La collection du musée est composée de nombreux objets extra-européens mais également d’objets « métisses », réalisés à l’intention des Européens dans les zones d’actions des Compagnies de commerce européennes. Pour une petite partie d’entre eux, ces objets ont été créés pour les besoins des Européens dans les comptoirs. En effet, à de rares exceptions, négociants et fonctionnaires reproduisaient sous les tropiques leur cadre de vie européen.

Cette production particulière, fruit d’un syncrétisme culturel original, se développe dans la plupart des comptoirs européens. Elle est présente dans le musée grâce à l’ancienne collection Jouveau-Dubreil, fonctionnaire et collectionneur en poste à Pondichéry dans la première moitié du XXe siècle qui avait offert sa collection au MNAOA (dépôt du musée du quai Branly). Mais la majeure partie de ces objets « métissés » a été réalisée en Inde ou en Chine pour les besoins de l’exportation vers l’Europe, dans le cadre du commerce à monopole des compagnies parmi lesquels figurent éventails, mobiliers, coffrets et objets en laque, etc. Ils sont le résultat de la rencontre commerciale, politique et culturelle, entre Asiatiques et Européens. Les premiers ayant des savoir-faire et des matières premières inconnus en Europe (ou impossible à exploiter) sur lesquels les seconds projetaient leur desideratas de forme, de goût et de coût.

Cette entente commerciale a donné naissance à des objets que les Européens trouvaient furieusement exotiques pour ne pas dire asiatiques et que les asiatiques n’ont jamais utilisés en raison de leur caractère trop européen… Hybrides donc, tous ces objets ne révèlent pas à proprement parler une culture ou une autre. Ils sont avant tout le produit d’un commerce mondialisé.

En savoir plus:

http://musee.lorient.fr/

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