Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance

Le château du Clos Lucé présente, dans la dernière demeure de l’artiste, l’exposition inédite « Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance » jusqu’au 15 septembre 2024

L’idée directrice de l’ exposition est de faire découvrir l’univers des parfums à la Renaissance, à travers l’extraordinaire odyssée de deux destinées étroitement liées : celle de Léonard de Vinci et celle de sa mère, Caterina.

Flacon de parfum avec scène triomphale Milieu du XVIe siècle Turin, Palazzo Madama – Museo Civico

En reconstituant leur trajectoire aventureuse, qui suit l’itinéraire des parfums à la Renaissance, cette exposition invite à un voyage multisensoriel empreint d’émotions et de sensations. Un périple historique et culturel autant qu’un parcours olfactif immersif, ouvert à tous les publics et à tous les sens, pour comprendre autant que ressentir.
Ce voyage nous emmène des monts du Caucase à la mer Noire, jusqu’à Constantinople ; de la mer Méditerranée jusqu’à Venise, porte de l’Orient ; de la Toscane natale de Léonard à la Lombardie ; et enfin du Duché de Milan à la cour des Valois en Val de Loire.

Le parcours vous transporte au cœur des expériences et des découvertes de Léonard sur l’art de la parfumerie, dévoilant ses recherches sur l’odorat, ses nouvelles méthodes scientifiques comme la macération et la distillation ou encore ses propres recettes de parfums.

6 espaces sensoriels
Votre voyage débute avec les encens et les épices de Constantinople, se poursuit jusqu’aux cours élégamment parfumées de Venise, de Florence et de Milan avant de se terminer à Amboise à la cour de François I er.

2 feuillets originaux de Léonard
Le dessin d’un alambic et celui d’un asphodèle, conservés à la Pinacothèque Ambrosienne de Milan, sont exceptionnellement présentés pour l’occasion.

Pomander, sphère ouvrant à charnière en huit quartiers servant de réserve aux épices XVIIe siècle Ecouen, Musée national de la Renaissance

Plus de 60 œuvres et objets reconstitués
De magnifiques prêts de musées nationaux et italiens sont à découvrir parmi lesquels 4 tableaux d’élèves de Léonard de Vinci : Boltrafio, Giampietrino, Luini, ainsi que des tableaux de cour du Quattrocento provenant des musée des Offices de Florence, du Castello Sforzesco à Milan, de la Galerie Borghèse à Rome. Ils dialoguent avec des chemises du musée du Tissu à Prato, une statue de Marie-Madeleine du musée de Cluny ou encore un précieux pomander prêté par le musée national de la Renaissance d’Ecouen. Retrouvez le collier de la Dame à l’hermine et l’oiselet de Chypre, reproduits d’après les dessins de Léonard ainsi que l’un de ses alambic.

28 fragrances à sentir
Inspirées des tableaux et des objets présentés, les compositions reconstituées à partir des recettes de la Renaissance, interprétées ou parfois évoquées, vous transportent au coeur de l’univers sensoriel de l’époque. Sentez l’odeur puissante de la civette ou du musc, celle délicate de la rose mais aussi l’aloès, le jasmin, le labdanum…

Bartolomeo Bimbi Oranges, cédrats, citrons et limettes douves XVIIIe siècle Poggio a Caiano, Villa Medicea, Museo della Natura Morta

Quels étaient les produits à partir desquels on fabriquait les parfums à la Renaissance ?

Les questions d’interprétation sont ici nombreuses. Interpréter les réceptaires de la Renaissance est une pratique difficile, qui requiert une maîtrise de la philologie et de solides connaissances botaniques. Comprenons d’abord que les substances utilisées étaient d’origine animale, végétale ou minérale. Parmi celles animales, il y avait le musc, bien connu de Léonard, un produit venant des glandes de cervidés de Sibérie ou du Tibet ; la civette, prélevée par curetage sur un mammifère carnivore proche du chat, originaire d’Abyssinie ; et l’ambre gris (ou ambracan), sorte de calcul rénal excrété par les cachalots. Au XVe siècle, ces produits connus depuis l’Antiquité étaient exportés en Europe depuis Alexandrie, Alep, Constantinople et Damas.

Les substances végétales étaient beaucoup plus nombreuses. Le storax calamite, qui compose l’oiselet de Chypre, est par exemple une substance résineuse brillante. Il s’agit de la sève d’un arbre qui, une fois jetée dans le feu, produit une odeur proche du benjoin. On le trouve en Grèce, en Asie Mineure et en Syrie. Le mastic est une résine originaire de l’île de Chios. Quant à la gomme adragante, c’est un liquide visqueux qui durcit sous forme de résine. Il était importé de Grèce, de Crète, de Chypre et d’Asie Mineure. Le labdanum est une gomme obtenue avec les feuilles de ciste, fleur moyen-orientale ou méditerranéenne. La mélisse ou l’hysope proviennent également des rives de la Méditerranée. La myrrhe est la résine d’un épineux de la péninsule arabique, comme l’encens. Le camphre est une substance obtenue à partir de feuilles d’arbres asiatiques. Le bois d’aloès est originaire de Chine, d’Inde et de la péninsule arabique. Quant au bois de santal (blanc, rouge ou jaune), il provient de l’Inde.

Les substances minérales qui étaient utilisées en parfumerie sont plus rares : on peut citer simplement l’alun, utilisé dans la fabrication de pommades et de teintures, mais aussi dans des parfums comme l’huile de fleur d’oranger. L’alun est produit en Europe, notamment en Italie, et se trouvait à bord des galères de Gênes et de Venise.

Léonard de Vinci / Codex Atlanticus, extrait du fol. 190v Vers 1508 / Bibliothèque ambrosienne de Milan

La fabrication de parfums supposait des échanges commerciaux à longue distance, et il n’est pas aisé de reconstituer la carte des échanges de produits qui étaient nécessaires à la fabrication des parfums entre les XVe et XVIe siècles. Les sources historiques modernes, que l’on peut croiser avec les écrits de Galien ou de Pline, dans l’Antiquité, sont des traités comme celui de Mattioli, qui précise les provenances de telle ou telle plante, ou encore les archives commerciales des parfumeurs. On y apprend ainsi que Giacomo Badoer, un marchand vénitien en séjour à Constantinople entre 1436 et 1440, achetait entre autres des clous de girofle, de l’encens, du gingembre, de l’alun et du musc.

Francesco Beccaruzzi Portrait d’une femme avec un chien XVIe siècle Bergamo, Accademia Carrara

Exposition « Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance » au Clos Lucé à Amboise.

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