Le papier peint

Inventé en Chine, il est l’héritier d’une tradition d’estampes collées sur le mur à des fins rituelles ou décoratives. Inspirés par les « Papiers des Indes » importés d’Asie au XVII siècle, les anglais sont les premiers à fabriquer des papiers peint en Europe. Apparu à la fin du XVIIe siècle en France sous forme de dominos (imprimé à la planche de bois sculptée en relief ) et également sous forme de feuilles imprimées en taille douce, le papier peint se développe d’une manière significative au XVIIIe siècle et plus particulièrement dans la seconde moitié de ce siècle.   Le XIXe siècle témoigne du développement extraordinaire du papier peint, au point qu’il sera qualifié d’âge d’or du papier peint. Le papier peint passe alors d’une production quasiment artisanale à un mode de production industrielle.

Élément de panoramique en grisaille "Psyché au bain". (c) Haga Baltique, Proantic
Élément de panoramique en grisaille « Psyché au bain ».
(c) Haga Baltique, Proantic

Au 17e siècle, le papier-peint était utilisé pour garnir l’intérieur des coffres et de certaines pièces du mobilier. Au cours des siècles qui suivirent, l’idée de l’appliquer comme élément de décoration s’imposa peu à peu chez les bourgeois. C’est le début de la dominoterie, qui s’est développée au cours des siècles en industrie manufacturière.

Les Dominos, que l’on ajustait sur les murs comme on le ferait d’un carrelage sont en quelque sorte les prémices du papier peint. Les dominotiers s’efforçaient au début de reproduire à moindre coût les riches étoffes (brocarts, indiennes…), les cuirs, les tapisseries…

Papier Peint Décoratif Monté Sur Toile. France milieu XIXème Siècle. (c) Galerie Le Rempart, Proantic
Papier Peint Décoratif Monté Sur Toile. France milieu XIXème Siècle.
(c) Galerie Le Rempart, Proantic

Au XVIIIe siècle, des manufacturiers ont l’idée d’imprimer à la planche (blocs de bois  gravés en relief) des rouleaux longs d’une dizaine de mètres, constitués de feuilles raboutées (collées entre elles), ces dessins étaient spécialement conçus pour le décor des murs de grandes tailles.

L’essor s’avère d’emblée très rapide : plus de 40 manufactures à Paris en 1790 et un marché qui va des Etats-Unis à la Russie. En 1790, apparaît aussi à Mulhouse la manufacture Nicolas Dollfus et Cie, ancêtre de Zuber.

Papier peint officiel inédit des grandes armes de France Manufacture Dufour _ Leroy, XIXème siècle. (c) Curiosités d'Ainay, Proantic
Papier peint officiel inédit des grandes armes de France Manufacture Dufour _ Leroy, XIXème siècle.
(c) Curiosités d’Ainay, Proantic

Le papier peint panoramique appartient au décor des maisons du XIXe siècle : il apparaît dans les dernières années du XVIIIe siècle, alors que l’industrie du papier peint est en plein essor, se développe sous la Restauration pour décliner après le Second Empire, les fabricants se contentant alors de rééditer leurs anciennes productions ; il semble que seule la France, au moins jusqu’à la fin du XIXe siècle, en ait produit. On estime à une centaine le nombre de panoramiques édités au cours du siècle dernier, et sur ce nombre, il faut tenir compte des variantes nombreuses.

Les Sauvages de la Mer Pacifique, lés no 1 à 10 du papier peint dessiné par Jean-Gabriel Charvet et édité par Joseph Dufour; XIXème
Les Sauvages de la Mer Pacifique, lés no 1 à 10 du papier peint dessiné par Jean-Gabriel Charvet et édité par Joseph Dufour; XIXème

Les papiers peints panoramiques offrent, comme leur nom l’indique, un vaste panorama imprimé sur une suite de lés, entre six et trente-trois. Au XIXe siècle, les fabricants parlent de «paysage», marquant ainsi leur appartenance au genre pictural… Ce paysage, historié ou non, toujours modulable, s’adapte aux différentes architectures, à la hauteur des murs notamment et quel que soit le nombre d’ouvertures.

Papiers Peints En Grisaille d’époque Empire, Manufacture Dufour. XIXème Galerie Antiquités Carles 2 Bergada (c) Proantic
Papiers Peints En Grisaille d’époque Empire, Manufacture Dufour. XIXème
Galerie Antiquités Carles 2 Bergada (c) Proantic

Ces paysages sont destinés au décor des pièces, des salons surtout : on les colle sur les murs, directement ou le plus souvent en usant de l’intermédiaire d’une toile grossière;  La technique du collage du papier sur toile présente le double avantage d’isoler le papier de l’humidité du mur et de rendre ces tentures amovibles, sans risque de détérioration. Comme le paysage est conçu pour être vu à la hauteur du regard, le lambris d’appui sert de base ; les éléments les plus élevés ne dépassent pas 2,20 m et au-delà, un vaste ciel, parfois décoré de nuages, permet d’adapter le décor à l’architecture de la pièce en coupant si nécessaire.

Les manufacturiers – Dufour et Zuber & Cie en tête, les deux spécialistes du genre, l’un à Paris, l’autre à Rixheim – prenaient en effet soin d’adapter leurs créations pour obtenir les meilleures ventes.

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