L’argent doré de Strasbourg du XVIe au XIXe siècle

L’exposition Vermeilleux !  L’argent doré de Strasbourg du XVIe au XIXe siècle se teindra à la Galerie J.Kugel jusqu’au 8 novembre 2014, 25 Quai Anatole France 75007 Paris.

Il y a 50 ans presque jour pour jour, était présentée à la galerie Jacques Kugel alors 7, rue de la Paix, une exposition mémorable intitulée : « Le siècle d’or de l’orfèvrerie de Strasbourg » en collaboration avec le charismatique directeur honoraire du Musée de Strasbourg Hans Haug.

Pour commémorer cet anniversaire, et en hommage à leur père Jacques, Alexis et Nicolas Kugel ont choisi cette année, de remettre l’argent doré appelé vermeil, à l’honneur.
Cette exposition ambitieuse permet à toute une nouvelle génération de découvrir certains des plus beaux chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie du XVIe au XIXe siècle.

Coupes et pièces d’influence germanique
Coupes et pièces d’influence germanique, Strasbourg,
vers 1570-1650 © Guillaume Benoit

STRASBOURG : UNE CAPITALE EUROPEENNE 

Carrefour des arts et de l’Europe, Strasbourg, ville « libre » fut réputée pour sa dorure sans pareille, et la qualité de ses orfèvres. Ainsi, en honorant plusieurs générations d’orfèvres strasbourgeois, la galerie Kugel célèbre trois siècles d’excellence artistique.

L’exposition s’articule autour de deux parties chronologiques : l’influence germanique à la Renaissance et à l’époque Baroque, puis le style français des XVIIIème et XIXème siècles, passant par le style rocaille et le néoclassicisme.

 

Toilette en argent doré
Toilette en argent doré de la Duchesse de Mecklenburg-Strelitz, Strasbourg, 1784
par Johann Heinrich OERTEL et Gottfried IMLIN
© Hughes Dubois

ENTRE L’ALLEMAGNE ET LA FRANCE

Ville principale de l’Alsace germanique d’où sont originaires nombre de dynasties princières, Strasbourg est d’abord un centre artistique florissant tourné vers l’Allemagne.

Les nombreux orfèvres de talent sont issus de la puissante corporation appelée « tribu de l’Echasse », qui contrôle rigoureusement la qualité du travail des artisans. Sur les plaques d’inculpation de la corporation qui subsistent aujourd’hui, on dénombre plus de 500 poinçons entre 1540 et la Révolution.

Après le rattachement de Strasbourg à la France en 1681, c’est l’influence française qui s’affirme avec notamment, la construction du Palais Rohan par Robert de Cotte l’un des meilleurs architectes parisiens.

Le statut particulier de la ville, où le titre moins élevé de l’argent allemand est maintenu et les taxes moins élevées, profite aux orfèvres, qui se spécialisent dans la conception d’objets luxueux commandés en particulier par les maisons régnantes des états voisins de Hesse-Darmstadt ou du Palatinat.

 

Alexis et Nicolas Kugel © Guillaume Benoit
Alexis et Nicolas Kugel © Guillaume Benoit

UNE DOUBLE AMBITION

Comme pour chaque exposition thématique, Alexis et Nicolas Kugel ont la double ambition d’allier avec rigueur la recherche en histoire de l’Art et leur métier d’antiquaire car tous les objets exposés sont à vendre. Par leur expertise et leurs conseils, ils contribuent à la formation de grandes collections et l’enrichissement des musées.

Le catalogue accompagnant l’exposition propose une étude scientifique pour chaque pièce ainsi qu’un répertoire exhaustif de tous les orfèvres de Strasbourg de 1540 à la Révolution, constituant ainsi l’ouvrage de référence sur le sujet.

L’orfèvrerie de Strasbourg, passionnément recherchée par les grands collectionneurs du XXe siècle, tels que les David-Weill, les Rothschild, les Patiño, saura sans aucun doute séduire par son raffinement et sa beauté, les nouvelles générations de collectionneurs et d’amateurs.

Ours en argent doré, Strasbourg, vers 1570-80, par Dibolt KRUG © Hughes Dubois
Ours en argent doré, Strasbourg, vers 1570-80,
par Dibolt KRUG © Hughes Dubois

ŒUVRES EXPOSEES

Avec plus d’une centaine de pièces, l’exposition illustre la double influence de l’orfèvrerie strasbourgeoise et couvre l’essentiel des styles et des formes.

L’influence allemande à la Renaissance est illustrée par un magistral gobelet en forme d’ours, seul animal connu réalisé à Strasbourg, ainsi qu’une série de cinq gobelets gravés vers 1570, par le meilleur orfèvre de son temps Georg Kobenhaupt, pièces sans équivalent.

 Un certain nombre de coupes couvertes et gobelets rappellent les productions de Nuremberg. Pour la période baroque qui suit la guerre de Trente Ans, une extraordinaire coupe réalisée pour la corporation des orfèvres est ornée de scènes qui représentent précisément un atelier d’orfèvre.

Timbale, Strasbourg c. 1740, par Johann Jacob EHRLEN © Hughes Dubois
Timbale, Strasbourg c. 1740,
par Johann Jacob EHRLEN © Hughes Dubois

Avec l’influence française au XVIIIème siècle, on verra apparaitre un type spécifique de timbale de forme tulipe dite « à côtes pincées ». Un superbe exemple par Johann Jacob Ehrlen provenant des collections Rothschild était exposé à l’exposition de 1964. L’écuelle est l’un des objets de prédilection des orfèvres de Strasbourg. L’exposition en présente une dizaine, réalisées entre 1700 et 1785 et illustrant l’évolution stylistique.

De style rocaille, le plus somptueux exemple est la toilette de la duchesse de Mecklenburg-Strelitz, ou le service réalisé quelques années plus tard par l’orfèvre Johannes Jacob Kirstein pour la comtesse von der Leyen, dans un style radicalement différent.

GALERIE J.KUGEL – NICOLAS ET ALEXIS KUGEL

Nicolas et Alexis Kugel représentent la cinquième génération d’une dynastie d’antiquaires commencée en Russie à la fin du XVIIIe siècle avec Elie Kugel. Collectionneur de pendules et de montres, il vécut plus de cent ans et persuada son fils Joseph de devenir horloger afin d’entretenir sa collection. Ce dernier, pris au jeu, commença parallèlement un commerce de pendules et de montres d’occasion qu’il étendit peu à peu aux bijoux et à l’orfèvrerie. Son petit fils, Matias (1876-1968), grand-père de Nicolas et Alexis, spécialisé dans l’orfèvrerie, établit son commerce à Minsk et Saint-Pétersbourg.

Toilette en argent doré de la comtesse von der leyen, Strasbourg, 1789. Par Johannes Jacob Kirstein et Carl Ludwing Emmerich.  (c) Guillaume Benoit
Toilette en argent doré de la comtesse von der leyen, Strasbourg, 1789. Par Johannes Jacob Kirstein et Carl Ludwing Emmerich.
(c) Guillaume Benoit

Jacques (1912-1985), leur père, émigra ensuite à Paris en 1924 où après-guerre il ouvrit une galerie rue Amélie puis rue de la Paix. Il élargit alors son activité aux meubles et aux tableaux. En 1970, Jacques Kugel s’installa au 279 de la rue Saint-Honoré et y acquit une réputation internationalement reconnue.
À sa mort en 1985, Nicolas et Alexis prirent la direction de la galerie et surent perpétuer la tradition familiale.

Depuis 2004, la Galerie Kugel est installée dans un espace à la fois exceptionnel et historique : l’Hôtel Collot situé au cœur de Paris, 25 quai Anatole-France, face à la place de la Concorde et au jardin des Tuileries, à deux pas du musée du Louvre et du musée d’Orsay. Ce lieu est un rendez-vous incontournable pour les amateurs, les collectionneurs et les conservateurs du monde entier et contribue au rayonnement de Paris comme capitale culturelle.

Ecuelle et son Présentoir en argent doré., Trasbourg, 1768, par Johann Ludwing III Imlin  (c) Hugues Dubois
Ecuelle et son Présentoir en argent doré., Trasbourg, 1768, par Johann Ludwing III Imlin
(c) Hugues Dubois

La Galerie J. Kugel est probablement la seule à offrir un aussi large éventail de spécialités allant du Moyen Age au milieu du XIXe siècle et incluent des domaines tels que l’orfèvrerie, le mobilier, la sculpture, la peinture, les objets précieux et de trésors. Chaque objet est rigoureusement sélectionné pour sa rareté, son authenticité et son état de conservation ainsi que pour la qualité de ses matériaux, sa finesse d’exécution, sa beauté intrinsèque et sa puissance d’évocation d’un passé glorieux et du talent des artistes qui le réalisèrent.

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