Carpeaux (1827-1875), un sculpteur pour l’Empire

L’exposition sera  présente au  Musée d’Orsay à Paris,  jusqu’au 28 septembre 2014. Le musée  revisite l’œuvre de ce précurseur de la sculpture moderne, l’un des plus grands sculpteurs français du XIXème siècle, tant admiré par Rodin. C’est la première exposition qui réunit nombre de ses œuvres, 85 sculptures, 60 dessins  et une vingtaine de peintures, L’exposition s’articule autour de thèmes, des groupes d’œuvres que Carpeaux a réalisés.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Pe?cheur a? la coquille, 1861-1862 Marbre, 92 x 42 x 47 cm Washington, D.C., The National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection. Image courtesy of the National Gallery of Art, Washington
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Pe?cheur a? la coquille, 1861-1862 Marbre, 92 x 42 x 47 cm Washington, D.C., The National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection.
Image courtesy of the National Gallery of Art, Washington

Jean-Baptiste Carpeaux, décédé à 48 ans, a connu une ascension artistique et sociale fulgurante puisqu’il est né à Valenciennes dans une famille modeste ( fils d’un maçon et d’une dentellière)  et que c’est contre la volonté de son père qu’il a embrassé une carrière d’artiste et  se construit un destin d’exception étroitement lié à la « fête impériale » du règne de Napoléon III.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Les quatre parties du monde, Mode?le en pla?tre Paris, muse?e d’Orsay.  © RMN-Grand Palais (Muse?e d'Orsay) / Herve? Lewandowski
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Les quatre parties du monde, Mode?le en pla?tre Paris, muse?e d’Orsay.
© RMN-Grand Palais (Muse?e d’Orsay) / Herve? Lewandowski

Débarqué à Paris à 15 ans, il entre à l’école des Beaux-Arts à 17. Il s’inscrit comme élève de François Rude, figure du Romantisme, sculpteur de la Marseillaise de l’Arc de triomphe de l’Etoile. A 27 ans, il gagne le prix de Rome. Il voyage d’ailleurs à travers l’Italie. Rome est pour Carpeaux une source de multiples révélations, Michel-Ange avant tout, auquel il voue immédiatement un culte absolu dont il ne se départira pas tout au long de sa carrière. La vie du peuple italien lui inspire de nombreuses études sur le vif.

Carpeaux est surtout connu pour ses sculptures d’un réalisme et d’un esthétisme bouleversant mais il a aussi beaucoup peint et dessiné. Celui qui tranchait vivement dans le milieu artistique de son temps constitue également l’une des plus parfaites incarnations de l’idée romantique de l’artiste maudit : par la brièveté et la fulgurance de sa carrière, concentrée sur une quinzaine d’années, par la violence et la passion d’un labeur sans relâche sur les sujets qu’il choisit ou qui lui sont commandés (le pavillon de Flore du Louvre, La Danse pour l’opéra de Charles Garnier).

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Triomphe de Flore, dit aussi Flore Grand mode?le pla?tre, 151 x 180 x 46 cm Paris, muse?e d’Orsay.  © RMN-Grand Palais (Muse?e d'Orsay) / Herve? Lewandowski
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Triomphe de Flore, dit aussi Flore Grand mode?le pla?tre, 151 x 180 x 46 cm Paris, muse?e d’Orsay.
© RMN-Grand Palais (Muse?e d’Orsay) / Herve? Lewandowski

Au-delà de son talent éclatant, c’est les commandes et la protection de Napoléon III qui  ont contribué à asseoir sa réputation, même si évidemment comme beaucoup de génies artistiques, il n’a pas échappé à la critique, certains s’offusquant de la sensualité équivoque de quelques-unes de ses réalisations.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Jour et le Cre?puscule d’apre?s Michel-Ange, Pierre noire et rehauts de blanc sur papier gris-brun, 13,4 x 23 cm Paris, muse?e d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Thierry Le Mage
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Jour et le Cre?puscule d’apre?s Michel-Ange, Pierre noire et rehauts de blanc sur papier gris-brun, 13,4 x 23 cm Paris, muse?e d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Thierry Le Mage

Son talent était brillamment romantique et exprimait donc tour à tour une part d’ombre et une part de lumière. Le sculpteur du sourire, le peintre du mouvement, le portraitiste remarquable, le dessinateur familier de la cour des Tuileries, l’observateur attentif de la vérité de la rue, est aussi un admirateur sensible de Michel-Ange qui s’abîme sans cesse dans une sombre mélancolie, brossant à grands traits, dès ses débuts, la tragédie anthropophage d’Ugolin ( Une de ses réalisations les plus célèbres est  la sculpture d’Ugolin et de ses enfants réalisée en 1861 et inspiré de la Divine Comédie de Dante) et, plus tard, les fulgurances fantomatiques d’un sentiment religieux empreint d’inquiétude, la violence de scènes de naufrages ou des autoportraits douloureux.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), sculpture d’Ugolin et de ses enfants réalisée en 1861. (c) Musée d'Orsay
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875),
sculpture en bronze d’Ugolin et de ses enfants réalisée en 1861. (c) Musée d’Orsay

L’exposition, chronothématique  s’articule autour de dix sections, permettant de comprendre comment ce talent inquiet va osciller sans cesse entre énergie vitale et inspiration tragique et angoissée.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Prince impe?rial et le chien Nero, 1866 Marbre, 140,2 x 65,4 x 61,5 cm Paris, muse?e d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Muse?e d'Orsay) / Michel Urtado
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Le Prince impe?rial et le chien Nero, 1866 Marbre, 140,2 x 65,4 x 61,5 cm Paris, muse?e d’Orsay.
© RMN-Grand Palais (Muse?e d’Orsay) / Michel Urtado

L’accent sera mis sur les groupes majeurs réalisés par Carpeaux, traités en dossiers rassemblant l’ensemble des étapes de la conception de l’œuvre : Pêcheur à la coquille, Ugolin, le Prince impérial, La Danse, la Fontaine de l’Observatoire. Les œuvres témoignant de la « fête impériale », croquis, peintures de bals à la cour, portraits ambitieux et élégants constitueront le contrepoint au côté sombre, torturé, de l’inspiration intime de Carpeaux.

Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Euge?nie Fiocre, Pla?tre, 83 x 51 x 37 cm Paris, muse?e d’Orsay. © Muse?e d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Euge?nie Fiocre, Pla?tre, 83 x 51 x 37 cm Paris, muse?e d’Orsay.
© Muse?e d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Présentées au musée d’Orsay autour des grands modèles originaux, les esquisses virtuoses en terre cuite ou en plâtre vont permettre de réaliser le chemin ardu entre la conception fiévreuse d’une idée et la réalisation finale, au plus près de la main d’un des plus grands sculpteurs français du XIXe siècle.

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