Bougeoir de paravent composé d’une coupelle en laque asiatique rouge et or, d’une monture en bronze doré et ciselé formant poignée accompagné d’un éteignoir conique, et de tiges feuillagées ornées de fleurs en porcelaine polychromes.
Probablement vendu par Lazare Duvaux vers 1760.
Le bougeoir de paravent est un objet rare. Peu produit, il est un objet d’un rare raffinement témoin d’un art de vivre et d’une ingéniosité propre au XVIIIe siècle français. Il est défini de la manière suivante dans l’ouvrage « Objets civils domestiques – vocabulaire typique » (Editions du patrimoine) : « Bougeoir dont le manche latéral en métal est formé d’une bande pliée en U renversé pour l’accrocher sur le haut d’un panneau de paravent ».
Lors de nos recherches, nous avons pu observer en particulier une petite série réunissant des bougeoirs de paravent très proches les uns des autres. En effet, il semble qu’un véritable modèle ait été réalisé et diffusé que nous pouvons aisément imaginer dans les plus belles demeures du Siècle des Lumières. La coupelle en laque rouge ou brune, la monture en bronze doré, le réceptacle du bougeoir imitant le bouton d’une fleur stylisée, un éteignoir relié par une chaînette et des fleurs en porcelaine fixées sur des tiges entourant la monture comme si la nature était venue sublimer cette objet utilitaire. Parfois, certains bougeoirs sont agrémentés d’un personnage en porcelaine de Meissen.
Ce petit objet amusant est aussi le symbole d’un goût et de tendances nouvelles : celles initiées par les marchands-mercier. Ces intermédiaires entre artisans et les commanditaires sont des marchands qui n’hésitent pas à créer eux-mêmes les nouvelles modes en associant différents matériaux entre eux.
C’est ainsi que le plus connu d’entre eux, Lazare Duvaux, est devenu le spécialiste des objets mêlant la porcelaine, le laque, le bronze doré, et les cristaux. Il pouvait fabriquer « des bras de girandoles, des bijoux, des tabatières, des bonbonnières entre autre ». De cette manière, la riche clientèle parisienne pouvait acquérir toute une série d’objets originaux tous plus luxueux les uns que les autres. Nous pouvons avoir un petit aperçu de ce qu’il pouvait vendre dans sa boutique rue de la monnaie, puis rue Saint Honoré, dans son livre journal où il consignait chaque objet vendu ou qu’il réparait et les noms des commanditaires. C’est ainsi que l’on découvre Louis XV, madame de Pompadour (son principal fournisseur), le duc de Bouillon a de très nombreuses reprises.
Nous pensons que ces modèles de bougeoirs de paravent ont été conçus par Lazare Duvaux notamment grâce à cette phrase « M. De Boulogne de Préninville : un chandelier de lit d’un plateau de lacq, garni de bronze doré d’or moulu, avec l’éteignoir ».
Comment procédait-il ? Il achetait dans de grandes ventes des objets venus du monde entier comme les porcelaines asiatiques ou les objets en laque (son nom sur certains documents en témoignent), les faisaient monter avec des bronzes par ses ouvriers et les revendaient à des prix très importants. Grâce à cette créativité, ces marchands-mercier ont rendu tendance ces matériaux, renforcée cette fascination pour l’exotisme et ont fait se rencontrer des productions et artisans très éloignés. Lazare Duvaux ne s’arrêtait pas à cette activité de marchand, il restaurait les meubles ou objets endommagés et prétendait à un rôle de décorateur. Nous savons qu’il se rendait dans certains châteaux pour présenter ces objets et les disposer dans les intérieurs.