Epoque Empire – Paris, vers 1810
Bronze doré et patiné
Dimensions : Hauteur 36 cmLargeur 29 cmProfondeur 12 cm
La composition met en scène un homme, vêtu d'un pantalon bouffant et coiffé d'un chapeau de style colonial,à large bord. L’ensemble est en bronze partiellement doré et patiné, offrant un contraste saisissant entre le bronze doré au mercure d'origine et la patine noire mate profonde. La figure est représentée en pleine marche, portant sur son dos une lourde charge sous laquelle il ploie : il s’agit d’un ballot de marchandises (café, coton ou sucre) qui abrite le mouvement d'horlogerie et le cadran émaillé à chiffres romains. Il s'appuie sur un bâton, ajoutant ainsi une dynamique réaliste à la scène. Le cadran en émail blanc est richement décoré d’une guirlande de fleurs, avec des chiffres romains pour les heures. Le socle est de forme ovale, entièrement doré, et repose sur des pieds en forme de patte de lion, typiques du style Empire.
Très belle et très recherchée pendule française d'époque Empire, réalisée d’après un dessin du bronzierJean-André Reiche. Le modèle a été déposé en janvier 1808 et le dessin à l'aquarelle réalisé à cette occasion est conservé dans les collections du Musée des Arts Décoratifs à Paris (voir photo). La nouveauté de cette composition réside dans le fait que la figure se tient debout et que le mécanisme de l'horloge fait partie de la figure, ce qui permet de voir l'horloge de tous les côtés.
Cette pendule fait partie d’un ensemble appelé "pendule au nègre", un sujet très prisé dans les arts décoratifs français de cette période, notamment sous l'influence du mythe du"Bon Sauvage" et de l'exotisme lié au commerce et aux colonies. Le contraste entre la patine noire mate du corps du personnage et le bronze doré brillant de son pantalon, de son chapeau, du cadran et du socle est une caractéristique esthétique majeure de ces pendules.
Si le 18e siècle fut marqué par un très fort engouement pour l’exotisme, c’est l’Extrême Orient qui eut les faveurs des arts décoratifs jusque vers 1775-1780. Avec la diffusion des idéaux des Lumières en particulier de Jean-Jacques Rousseau et la publication du roman Paul et Virginie par Bernardin de Saint Pierre, les ornemanistes se tournent ensuite vers l’Amérique et surtout l’Afrique. Loin de s’arrêter avec la Révolution, l’engouement pour les pendules au bon sauvage ne se dément pas et touche à sa fin vers 1825. Ainsi, c’est sous le Directoire et l’Empire que les plus beaux modèles sont exécutés.
La création de ce type de pendule requiert l’intervention de plusieurs artisans : l’ornemaniste va dessiner le modèle ; puis le bronzier va fondre et ciseler la caisse de la pendule ; le doreur va ensuite donner vie au bronze, en associant dorure au mercure et patine mate ; enfin, l’horloger va fournir le mécanisme et le cadran.
Jean-André Reiche (1752-1817) fut l'un des principaux bronziers parisiens de l’époque Empire. Comme Jean-Simon Deverberie, il a acquis une renommée particulière grâce à ses « Pendules au nègre ». Fils d'un commerçant de Leipzig, Reiche s'est installé à Paris où il est reçu comme maître fondateur en juin 1785. Depuis son atelier de la rue Notre-Dame-de-Nazareth, il s'est spécialisé dans la production de boîtiers d'horloges, particulièrement florissante après l'abolition des corporations pendant la Révolution française. Cela signifie que Reiche pouvait désormais créer tous les aspects d'un boîtier d'horloge, employant une équipe d'ouvriers comprenant des modeleurs, des fondeurs et des marbriers. Sa renommée est grande à la fois en tant que marchand-fabricant de bronzes et surtout en tant que fournisseur de l'Empereur. A sa mort, le 18 mars 1817, Jean-André Reiche laisse son entreprise à son fils Jean Reiche.
Des pendules similaires figurent dans les plus grands musées, notamment dans les collection royales espagnoles,au musée des Arts décoratifs de Paris, ou encore dans les collections du musée d'Art et d'Histoire de La Rochelle.
Littérature :
- Pierre Kjellberg, « Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen Age au XXe Siècle », 1997, p. 343 ;
- Elke Niehüser, « Les horloges françaises en bronze », 1997, p. 149.240 ;
- Collection royale espagnole, «Catálogo de Relojes del Patrimonio Nacional », 1987, p. 118 ;
- Tardy II, p. 358.1 ;
- Giacomo et Aurélie Wannenes "Les plus belles pendules françaises" p. 312 ;
- Elke Niehüser - French Bronze Clocks p. 240.
État de Conservation :
Pièce en bon état de conservation. Le bronze doré au mercure est en parfait état et d'une très belle qualité. La patine d’origine offre un très beau contraste, notamment au niveau des lèvres et des yeux qui ont conservé leur éclat.
Le cadran et le mouvement (non fonctionnel) ont été remplacés à la fin du XIXème siècle.
Manque la lettre que tenait le porteur dans sa main droite. Vendu en l’état.


































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