Par Victor Jean NICOLLE (Paris 1754 – 1826)
Aquarelle, plume et encre brune, signée en bas à gauche. Présentée dans un cadre en bois doré, postérieur.
Dimensions : 20 x 30,8 cm
Provenance :
- collection de Madame la baronne Félix Oppenheim, selon un inscription manuscrite au verso ;
- collection de Madame Jeanne Solari ;
- lot 64 de la vente du 14/11/2000 à Nice, par Ph. Palloc-Th. Courchet & R. Fede ;
- collection privée française.
Cette charmante vue animée nous présente l’intérieur du Colisée à la fin du XVIIIème siècle. Un groupe de personnages discute au premier rang, près de pierres tombées au sol, tandis que d’autres semblent déambuler dans ce haut lieu de l’histoire antique. Sous l’impulsion du pape Benoit XIV, il fut interdit d’utiliser le Colisée comme carrière en 1749. Un chemin de croix fut installé pour consacrer ce lieu où les premiers chrétiens furent martyrisés, et la structure du Colisée fut renforcée.
Selon une inscription manuscrite figurant au dos de l’encadrement, cette aquarelle proviendrait de la collection de la baronne Félix Oppenheim, qui réunit un formidable ensemble d’œuvres de Victor-Jean Nicolle au début du XXème siècle. Cette collection fut dispersée lors de plusieurs ventes, dont la plus importante se déroula à l’hôtel Drouot le 21 novembre 1929. Cette vente fit l’objet d’un catalogue et d’une belle préface de présentation de l’œuvre, trop souvent méconnue, de Nicolle. Comme l’indique l’auteur de cette préface, « quel artiste a mieux fixé les aspects multiples, varisés, si beaux et attachants de la Ville éternelle que Nicolle, et même aussi les plus populaires ? […] Si l’on constituait un recueil de la Rome de Nicolle, ce serait un des plus précieux documents et le plus complet, à la fois, que l’art français ait laissé sur cette ville inépuisable en beautés de toute sort. »
Victor Jean Nicolle est un peintre et dessinateur français de la deuxième moitié du XVIIIème siècle et du premier quart du XIXème siècle. Il suivit tout d’abord une formation d’architecte auprès de Nicolas Malhortie, à l’École royale gratuite de dessin de Paris, ce qui lui permit d’obtenir un grand prix de perspective en 1771. Il entra ensuite dans l’atelier de Louis François Petit-Radel, où il découvrit l’art de Piranèse. De par sa formation il manifeste un goût prononcé pour les représentations architecturales et les ruines classiques, ce qui le pousse à se rendre en Italie à deux reprises, de 1787 à 1799, puis de 1806 à 1811. C’est ainsi qu’il fait partie des seize artistes envoyés par Louis XVI en Italie pour saisir sur le vif des vues de Rome et d’autres régions du pays. Il réalisa de nombreuses vues de Rome, de Naples et Venise, et acquit une certaine renommée sous le nom italianisé de Nicolli. Le succès de Nicolle perdura sous l’Empire. L'impératrice Joséphine possédait plusieurs œuvres de cet artiste, notamment six vues des châteaux de Malmaison, Saint-Cloud et Saint-leu, achetées en 1808. Enfin, l’empereur Napoléon lui commanda, en 1810, une série de cinquante aquarelles reproduisant les principaux monuments parisiens, qu’il souhaitait offrir à l’impératrice Marie-Louise en guise de cadeau de noce. Son œuvre se caractérise par des représentations à la fois minutieuses et poétiques. L’exactitude topographique avec laquelle Nicolle retranscrit les panoramas urbains de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème siècle, revêt un intérêt topographique et documentaire incomparable.
Aquarelle en très bon état, qui a conservé l’éclat vif de ses couleurs.