Jean MARTIN (1911 – 1996), Sainte Véronique, 1951 (Tempera et feuille d’or sur panneau)

Tempera et feuille d’or sur panneau. 87 x 71 cm. Signée du monogramme, titrée, datée et située Paris au dos.

Né à Lyon en 1911, Jean Martin appartient à cette génération d’artistes marqués par les bouleversements spirituels et esthétiques de l’après-guerre. Formé dans sa ville natale, il s’installe à Paris en 1945. Dès 1953, après avoir longuement étudié l’art byzantin, il se consacre presque exclusivement à la peinture religieuse jusqu’en 1967, avant de revenir à des sujets profanes.

La Sainte Véronique de 1951 s’inscrit au tout début de cette période sacrée et illustre la recherche d’un langage pictural renouvelé pour exprimer la foi. Martin adopte ici la tempera sur panneau et la feuille d’or, renouant avec les techniques médiévales et l’esthétique des icônes. L’auréole dorée, minutieusement ciselée, inscrit la figure dans la tradition spirituelle de l’Orient chrétien.
Selon la tradition chrétienne, sainte Véronique essuya le visage du Christ sur le chemin du Calvaire, et son voile en conserva miraculeusement l’empreinte. Le peintre introduit toutefois une modernité saisissante : la sainte est représentée frontalement, les yeux mi-clos, avec un visage allongé et stylisé dont les larmes accentuent la compassion. Le voile qu’elle tient est d’un rouge éclatant, couleur inhabituelle mais d’une grande force symbolique, évoquant à la fois le sang du sacrifice et la lumière spirituelle de la Passion. Le visage du Christ y apparaît comme une empreinte spectrale, tracée en fines incisions qui traduisent une présence immatérielle plus qu’une image réaliste.

Par ce mélange de tradition et de modernité, Jean Martin propose une lecture profondément contemporaine d’un thème iconographique ancien. L’œuvre témoigne du renouveau de l’art sacré dans la France des années 1950, où peintres et architectes cherchaient à redonner au religieux une expression adaptée au monde moderne.