Adolphe Appian étudie à l’École des Beaux-Arts de Lyon auprès de François Grobon et d’Augustin Thierriat. Il débute au Salon de Paris en 1835, puis expose régulièrement à Lyon et à Paris, où il reçoit une médaille d’or en 1868. Présent aux Expositions universelles de Londres (1862) et de Paris (1889), il est fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1892.
Musicien de formation, il se consacre à la peinture dès 1852, après sa rencontre avec Corot et Daubigny. Influencé par Barbizon, il s’impose comme l’un des maîtres du paysage naturaliste lyonnais.
Dans cette composition, Appian explore un motif d’apparente simplicité : une clairière envahie d’herbes, ponctuée de trois gros blocs rocheux. À travers une touche souple et nerveuse, il restitue les nuances infinies du sous-bois : verts assourdis, bruns humides, mousses argentées. Les empâtements du premier plan contrastent avec la légèreté vaporeuse du lointain, où la lumière se dissout dans une brume laiteuse.
Cette peinture témoigne de la maturité du maître, passé de la rigueur du dessin à une approche plus libre et tactile. Le regard se perd dans les textures de la terre, les reflets sourds des roches et le miroitement du feuillage. La nature, observée sans artifice, devient ici sujet principal et miroir d’émotion.
Appian exprime dans cette œuvre tout l’esprit du paysage intime du XIXᵉ siècle : une vision silencieuse et méditative de la nature, proche par sa sincérité du réalisme poétique des peintres de Barbizon, auxquels il fut souvent associé.