François-Frédéric Grobon (1815-1902), Fruits d’Automne sur Coupe en Marbre

Huile sur toile. 70 x 55 cm. Signé en bas à gauche.
Cette somptueuse nature morte, caractéristique de l’œuvre de François-Frédéric Grobon, met en scène une abondance de fruits délicatement disposés sur un entablement de pierre. Sur une coupe antique en marbre se déploie une profusion de pêches veloutées, de grappes de raisin blanc et noir, de prunes et d’une poire juteuse, accompagnée de feuillages aux teintes automnales. À ses pieds, une spectaculaire pastèque verte à la chair orange vif est partiellement tranchée, révélant sa texture juteuse. Drapé en bas à droite, un linge blanc rayé de rouge apporte une touche de réalisme tactile supplémentaire.
Grobon, peintre lyonnais formé à l’École des beaux-arts de Lyon, s’inscrit dans la tradition des grands maîtres du trompe-l'œil et de la nature morte, à l’instar de Jean-Baptiste-Siméon Chardin. Il se distingue par une remarquable finesse d’exécution et un sens aigu de la matière. Chaque fruit est traité avec minutie : la peau du melon rugueuse, la chair pulpeuse des raisins, la translucidité des prunes. Le rendu du marbre, tout comme celui du tissu, témoigne d’une maîtrise virtuose des textures et des jeux de lumière. L’ensemble baigne dans une lumière douce, émanant de la gauche, qui sculpte les formes tout en laissant certaines zones dans une pénombre riche et veloutée. 

Grobon est l'élève de Bonnefond à l'École des beaux-arts de Lyon de 1831 à 1836 et de Victor Orsel. Il expose à Lyon à partir de 1836 et à Paris à partir de 1842. Vers 1863, il s'établit à Paris où il peint sur porcelaine et décore la chapelle de l'Oratoire.
Collaborant étroitement avec son frère François Frédéric Grobon, Eugène Grobon a développé un style influencé par la lithographie botanique, domaine dans lequel il excella. Cette expérience transparaît dans la rigueur du dessin, la précision des détails et le rendu fidèle des textures végétales. Les Grobon Frères, inspirés par Pierre-Joseph Redouté et Antoine Berjon, ont su conjuguer art et science, observation minutieuse et recherche esthétique, comme en témoignent leurs planches lithographiées et leurs illustrations d’ouvrages d’horticulture.
Ce tableau illustre parfaitement l’art de Grobon, où la précision scientifique se met au service de la poésie du regard. Par sa composition équilibrée, sa maîtrise de la lumière et son réalisme, Eugène Grobon s’affirme comme l’un des maîtres de la nature morte lyonnaise du XIXe siècle, héritier d’une tradition où l’observation du réel se conjugue à la sensibilité artistique.