Jacques MARTIN (1844 - 1919) Nature morte aux oranges

Huile sur toile. signée en bas à gauche. 46,5 x 61,5 cm.

Sur une nappe aux teintes ocrées et chatoyantes, Jacques Martin dispose une assiette en faïence ornée de filets bleus, garnie de huit oranges encore feuillues. Le fruit charnu, à la peau rugueuse et d’un orange profond, capte la lumière avec intensité, comme si chaque surface devenait l’écho vibrant d’une lumière méridionale.

Le fond sombre et brossé avec vigueur contraste avec l’éclat lumineux du fruit, renforçant la présence tactile et vivante des agrumes. Le peintre use d’une matière généreuse et empâtée, typique de la touche post-impressionniste lyonnaise, qui confère aux éléments un relief presque sculptural.

La composition, faussement spontanée, est savamment construite : le bouquet feuillu à gauche équilibre le groupe central, tandis que le jeu de drapés au premier plan donne de la profondeur à la scène. L’assiette, légèrement décentrée, guide l’œil tout en ancrant solidement la composition dans un registre domestique et sensuel.

Jacques Martin, formé à Lyon et influencé par les traditions naturalistes, livre ici une nature morte chaleureuse, entre rigueur académique et éclat coloré. Une œuvre emblématique d’une peinture régionale tournée vers la lumière et la matière.

Jacques Martin débute sa carrière comme ingénieur chimiste après des études à l’École centrale de Lyon. Directeur de la manufacture Coignet, il découvre la peinture en autodidacte et, en 1878, aménage un atelier au sein de son usine.

Le peintre lyonnais François Vernay l’encourage et lui dispense ses conseils. Pierre Puvis de Chavannes sera l'un de ses premiers admirateurs. Dès 1881, il expose régulièrement aux Salons lyonnais et parisiens, participe à l’Exposition universelle de 1894. Au début du 20e siècle il participe à la création du Salon d’automne de Lyon. 

Outre ses célèbres natures mortes et bouquets luxuriants, il se distingue dans les paysages et les portraits, toujours marqués par une touche colorée héritée de Vernay. Jacques Martin laisse une œuvre empreinte de réalisme lyrique et d’une exceptionnelle recherche de lumière. À sa mort, le musée des beaux-arts de Lyon lui consacre une rétrospective et acquiert plusieurs de ses toiles.