Pastel sur papier, signé en bas à droite.
70 x 40 cm
Provenance: Atelier de l'artiste
Pierre Deval (1897–1993) – Peintre de la modernité poétique entre Lyon et le Midi
Né en 1897 à Lyon dans une famille de soyeux aux relations internationales, Pierre Deval découvre très jeune le dessin qu’il pratique en autodidacte. Son premier atelier s’installe à deux pas de la maison familiale, et ses premières études se nourrissent de la copie des maîtres anciens, notamment au musée des moulages. Il est profondément marqué par l’œuvre de Rodin, dont il admire la force expressive, la sensualité des corps et la pureté des lignes. Passionné par la littérature, la musique et la poésie, il adopte une approche sensible et méditative de la peinture.
Après un bref engagement militaire interrompu pour raisons de santé, il rejoint Paris en1921 pour parfaire sa formation artistique. Il passe par l’atelier Cormon, puissuit les enseignements d’Émile-René Ménard et Lucien Simon à l’Académie de la Grande Chaumière. Dans la capitale, il fréquente les milieux d’avant-garde grâce à son ami Jacques Rigaut et fonde la revue Promenoir, aux côtés de Jean Lacroix et Jean Epstein. Bien que de courte durée, la revue attire la collaboration de figures majeures comme Cendrars, Cocteau ou Fernand Léger.
En 1922, son tableau Ariane est remarqué au Salon et lui vaut une bourse de séjour à la Villa Abd-el-Tif, à Alger. Durant deux ans, Deval découvre l’Algérie, pousse jusqu’au sud du pays et séjourne au Maroc. Il s’éloigne cependant de l’esprit académique et colonial de la Villa, et affirme une modernité personnelle, parfois mal perçue localement, comme en témoigne le scandale provoqué par son tableau La Plage. Il y rencontre Albert Marquet, dont il devient l’ami proche.
À son retour, il épouse Henriette, sa compagne de voyage, et s’installe à Paris, quai Saint-Michel, dans le même immeuble que Marquet et Jacqueline Marval.
En 1925, le couple découvre le domaine d’Orvès, à La Valette-du-Var. Cette bastide du XVIIIe siècle, entourée de jardins et de sources, devient leur havre de paix et le centre de leur vie. Le lieu attire artistes et écrivains : Henri Bosco, Pierre-Jean Jouve ou Willy Eisenschitz y séjournent. Tout en vivant retiré dans le Midi, Deval conserve des liens étroits avec les scènes artistiques de Lyon et de Paris. Il expose régulièrement en galerie (Carmine, Druet…) et participe aux Salons. S’il a été marqué par l’avant-garde, il reste fidèle à une figuration classique, raffinée, sensible, consacrée majoritairement à la représentation féminine. Ses modèles, souvent anonymes, inspirent un univers sensuel, rêveur, teinté d’élégance méditerranéenne.
La faillite de l’entreprise familiale en 1930 le prive de ressources, mais Deval parvient à entretenir le domaine grâce à des portraits de commande, qu’il réalise sans les considérer comme pleinement intégrés à son œuvre. Il continue à exposer activement dans les années 1930, avec l’aide du critique et collectionneur Georges Besson, son grand soutien pendant deux décennies.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la propriété d’Orvès est réquisitionnée par les forces allemandes. Le couple doit fuir, les jardins sont dévastés. À la Libération, un long travail de restauration commence.
En 1951, une brouille avec Besson l’éloigne durablement des cercles parisiens, mais Deval continue à exposer à Toulon, Lyon, Genève ou Aix-en-Provence. Il passe les dernières décennies de sa vie dans son domaine, entouré de sa famille et d’un paysage qu’il n’a jamais cessé d’interpréter avec tendresse et pudeur. Le musée des Beaux-Arts de Toulon lui consacre une rétrospective en 1971. Pierre Deval meurt en 1993, presque centenaire, au cœur de cette Provence dont il a su traduire la lumière et la grâce silencieuse.
Découvrez plus d’œuvres de cet artiste sur le site de la galerie : https://www.galeriepentcheff.fr/fr/peintre-pierre-deval#Oeuvres