Aquarelle et pastel sur papier, signé et daté en bas à droite.
17.50 x 25 cm
Provenance :
Galerie de la Présidence, Paris
Collection privée, France
Bibliographie :
Bernard Dorival et Isabelle Rouault, Georges Rouault, l'oeuvre peint,André Sauret, 1988, reproduit en p.44 sous le n°98.
Certificat d'authenticité établi par Isabelle Rouault.
Georges Rouault : Un maître du sacré dans l’art moderne
Georges Rouault (1871-1958) est un peintre, graveur et dessinateur français
dont l'œuvre se situe à la croisée du fauvisme, de l'expressionnisme et de
l'art sacré. Né à Paris dans un milieu modeste, il est d'abord apprenti chez un
restaurateur de vitraux, expérience qui influencera durablement son style,
notamment par l'utilisation de contours noirs et de couleurs vives rappelant le
vitrail.
Il entre à l’École des Beaux-Arts en 1891, où il devient l’élève de Gustave
Moreau, peintre symboliste qui aura une profonde influence sur lui. Rouault est
considéré comme l’un des élèves les plus brillants de Moreau, qu’il admirait
pour sa vision mystique et poétique de l’art.
Georges Rouault occupe une place singulière parmi les artistes du XXe
siècle. Contemporain du cubisme, de l’expressionnisme et du fauvisme, il n’a
pourtant jamais revendiqué l’appartenance à l’un de ces mouvements. Il
développe rapidement un style personnel, marqué par une profonde introspection
et une sensibilité spirituelle. Souvent catalogué peintre religieux, Rouault
était avant tout un artiste indépendant, refusant toute étiquette ou
appartenance à une école.
Son œuvre est habitée par une vision tragique et compassionnelle de la
condition humaine. Il peint des figures marginales – prostituées, clowns, juges
ou miséreux – aux visages marqués par la douleur, la solitude ou la révolte.
Par ces portraits poignants, il dénonce l’hypocrisie, l’injustice sociale et la
misère, tout en affirmant une foi inébranlable en la dignité de l’homme.
Pour
Rouault, l’art est un moyen d’exprimer la souffrance, mais aussi l'espérance.
Profondément croyant, il consacre une part essentielle de son œuvre à des
thèmes religieux, notamment à la figure du Christ. Son chef-d'œuvre, Miserere,
une série de gravures puissantes, mêle foi, douleur et humanisme, témoignant
d'une compassion universelle et d'une quête de rédemption.
Rouault a toujours tenu à rester en marge des courants dominants et à
préserver une grande liberté artistique.
Il s’est également montré très
indépendant vis-à-vis du marché de l’art. Dès 1917, il bénéficie du soutien du
marchand Ambroise Vollard, qui lui permet de travailler dans des conditions
économiques plus sereines, sans compromission.
Jusqu’à sa mort en 1958, Georges Rouault poursuivra son chemin singulier, à
la fois mystique et profondément humain. Aujourd’hui, son œuvre est reconnue
comme l’une des plus émouvantes et inclassables de l’art moderne, portée par
une spiritualité rare, une exigence artistique profonde et une foi sincère en
l’homme.