Charles-françois Sellier, étude Pour énée Quittant Troie, Vers 1850

Charles-françois Sellier, étude pour Enée quittant Troie, fusain sur papier, vers 1850, cachet d'atelier en bas à droite

Énée quittant la ville de Troie prise par les Achéens est une scène si célèbre qu'elle appartient tant au poème homérique et virgilien, qu'à la dramaturgie et l'art opératique des XVIe et XVIIe, autant qu'à l'art pictural ancien et classique puisant dans l'Antiquité. Si l'oeuvre de Charles Sellier est rare, les sujets antiques sont peu nombreux dans sa production. On peut penser à un travail proche des préoccupations d'un Prix de Rome, s'appliquant aux sujets en vogue à l'Académie de France à Rome. 

Dans ce dessin, l'évocation est très personnelle. Et comme toujours chez Sellier, très touchante. La figure d'Énée est plus vaillante que tragique, il porte sur ses épaules, selon la représentation admise, son père Anchise. Et marche devant lui son fils Iule, évoquant la promesse d'un destin brillant, celui de la fondation de Rome, revanche prise sur la destruction de Troie. Les trois figures ne manquent pas de joie, et, hasard heureux, une figure féminine s'invite dans la composition pour apporter une part de féminité inédite dans cette légende. Sur cette feuille d'étude, Charles Sellier a placé dans le coin supérieur droit, certainement a posteriori, un profil de femme à l'ouvrage. Figure touchante également qui nous ramène à des oeuvres plus intimes. Le décor dans lequel Sellier place la scène est très lisible malgré une esquisse très simple comme le peintre a l'habitude de faire dans ses études.

L'oeuvre porte le cachet d'atelier de Charles Sellier, en bas à droite. Elle a été en main du collectionneur nancéien Eugène Corbin qui fut un promoteur des grands artistes de sa région et un mécène pour le musée des Beaux-Arts de Nancy. 

Charles-François Sellier est un peintre dont l'oeuvre témoigne d'une grande sensibilité. Elève de l'Ecoles des Beaux-Arts de Nancy, sa ville natale, il fut ensuite celui de Léon Coignet aux Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome en 1857, il demeure dans la Ville éternelle jusqu'en 1863. Il reste un peintre discret vivant à Nancy et vivant comme portraitiste pour une clientèle parisienne. Ses oeuvres, rares, sont au musée des Beaux-Arts de Nancy, de Dijon, et au Musée d'Orsay.