"Charles-françois Sellier, l'Annonciation, Vers 1860"
Charles-François Sellier, l'Annonciation, peinture à l'huile sur panneau de bois, vers 1860Cette scène, initiatrice de l’Evangile et de fait fondatrice d’un fait majeur de la culture occidentale, se tient par ce tableau, dans un contexte dénué de grandiose mains non moins touchant. Oeuvre intime, plaçant singulièrement la Vierge dans l’habit simple d’une fileuse de laine près de son rouet, elle représente avec grâce un évènement paisible dépeint dans un clair obscur propice au mystère. Le moment est silencieux, seule la lumière qui émane de l’archange est éloquente. La touche délicate de Charles Sellier accentue la douceur de l’oeuvre. Elle est très démonstrative d’une conception propre à ce peintre qui renforce le sacré par la simplicité.
Si le tableau est de dimension modeste, l’œuvre n’en demeure pas moins d’une grande force. Elle est peut-être préparatoire d’une oeuvre de plus grandes dimensions, même si la documentation ne permet de l’affirmer tout à fait. On remarque que la composition présente des similitudes avec le tableau qui permit à Charles Sellier de remporter le Prix de Rome en 1857. Dans cette Résurrection de Lazare, la scène est présenté dans la même obscurité plaçant l’attention, et la signification, sur la lumière irradiant du Christ. Une « percée » bleutée est placée dans le fond de la scène pour équilibrer l’ensemble et créer la profondeur de champ. Elle répond, dans sa forme et dans le rapport de ton, au rouge de la tunique du Christ.
Sur le tableau présenté ici, un subtil brossage, bleu également, crée la même « claire-voie », en lien avec l’habit de l’ange. Le dessin des ses ailes est typique de Charles Sellier (voir par exemple sa Léda et le Cygne, collection privée). Les visages, très simplifiés dans leurs traits effacés (ici à l’extrême, ce qui plaide pour un travail préparatoire) est aussi un tour très personnel de l’artiste : voir la Femme à la perle (1875) du musée des Beaux-arts de Nancy, une Napolitaine du musée d’Orsay (vers 1860) et le portrait de Georges Bizet conservé à la Villa Médicis à Rome (vers 1856).
Charles-François Sellier est un peintre dont l'oeuvre témoigne d'une grande sensibilité. Elève de l'Ecoles des Beaux-Arts de Nancy, sa ville natale, il fut ensuite celui de Léon Coignet aux Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome en 1857, il demeure dans la Ville éternelle jusqu'en 1863. Il reste un peintre discret vivant à Nancy et vivant comme portraitiste pour une clientèle parisienne. Ses oeuvres, rares, sont au musée des Beaux-Arts de Nancy, de Dijon, et au Musée d'Orsay.