Le musée hyacinthe Rigaud

Depuis 1833, des collections exceptionnelles ont été rassemblées par les différents conservateurs de la Ville de Perpignan. En juin 2017, la réouverture du musée, après d’imposants travaux, a permis la découverte d’une renaissance. En effet, le musée regroupe aujourd’hui la totalité de l’hôtel de Lazerme et de l’hôtel de Mailly. Les Perpignanais et les visiteurs sont invités à entrer dans un nouveau musée, entièrement rénové et agrandi, avec de nouveaux espaces et une présentation des collections permanentes et temporaires repensée, qui se déploie sur une superficie de 1 400 m².

Le musée hyacinthe Rigaud

LES COLLECTIONS

Les collections d’un musée reflètent son âme. Toute une histoire se mêle à l’Histoire : des retables aux portraits de Hyacinthe Rigaud, en passant par Maillol, Dufy, Terrus et beaucoup d’autres artistes. Au fil des siècles, sur un territoire aragonais puis français, les peintres, sculpteurs… vont s’épanouir dans un environnement riche d’influences hispaniques, flamandes et italiennes. Les créations, anciennes et modernes, fleurissent à l’ombre de la Méditerranée.

Perpignan gothique

Du 13ème aux premières années du 16ème siècle, la période gothique constitue le premier Age d’or de la ville avec en point d’orgue la création du Royaume de Majorque (1276-1344) qui fait de Perpignan sa capitale continentale. Sa situation privilégiée en fait un carrefour commercial ouvert sur la Méditerranée mais sa position stratégique est un enjeu des luttes territoriales, opposant le royaume de France au royaume d’Aragon, puis à la confédération catalano-aragonaise.

Vierge de la rue de l’Ange
XIVe s.
Bois polychrome

La plus septentrionale des villes catalanes entretient des relations commerciales sur le pourtour de la Méditerranée, avec la Syrie et l’Egypte où les marchands catalans ont quelques comptoirs commerciaux mais aussi avec des ports importants de la Mer du Nord comme Bruges ou Anvers. Par ces voies, circulent et fusionnent en Catalogne des influences artistiques venues des Flandres, de France et d’Italie.

La florissante industrie perpignanaise, essentiellement drapière, aboutit en 1388 à la création d’un Consulat de mer, juridiction spéciale qui réglemente le commerce et les affaires maritimes. En 1397, débute la construction de la Loge de Mer.

Alcanis Miquel
Le martyr de Saint Vincent
Huile sur bois.

Au travers du Retable de la Trinité, chef d’œuvre des collections du musée, commandé en 1489 par les Consuls de Perpignan, et du parcours de son auteur présumé, le Maître de la Loge de Mer, se lit en filigrane toute une époque.

Perpignan baroque

A la richesse gothique succède une période plus sombre. Aux 16e et 17e siècles, Perpignan est l’objet de luttes territoriales entre les couronnes françaises et aragonaises. Le rattachement du Roussillon à la France, faisant suite à la signature du Traité des Pyrénées en 1659, met fin à cette période agitée. Si la position frontalière fragilise la ville, épidémies et guerres la vident de ses habitants.

Sur le plan artistique, le retable baroque en bois sculpté s’impose au détriment de la peinture de chevalet. L’atelier des Guerra arrive à maintenir une activité à Perpignan et livre des œuvres au style traditionnel, où se mêlent influences italiennes et hispaniques.

Hyacinthe Rigaud (1659-1743)
Autoportrait dit au cordon noir, 1727.
Huile sur toile

Hyacinthe Rigaud, envoyé dès son plus jeune âge en apprentissage dans des villes d’importance, échappe à ce déterminisme géographique. Grand admirateur de la peinture flamande, ses portraits incarnent avec virtuosité l’art français du Grand Siècle. Le talent de l’artiste se lit dans la science des drapés, des étoffes et dans la noblesse des attitudes.

Aux 18ème et 19ème siècles, le portrait s’adapte au goût des commanditaires et l’art, que Hyacinthe Rigaud avait contribué à codifier, est réinventé.

Jan Brueghel dit de Velours (1568- 1625)
Retour de pêche

Perpignan moderne

L’arrivée du chemin de fer en 1858 et la destruction des remparts, débutée en 1904, font entrer la ville dans une véritable « Belle Epoque ». Une bourgeoisie commerçante et éclairée, à l’instar de la famille Bardou, fait vivre à Perpignan son deuxième Age d’or.

La clairvoyance des collectionneurs méridionaux tels George-Daniel de Monfreid ou Gustave Fayet amènent les avant-gardes en Roussillon. Aristide Maillol s’en saisit et, dans une brillante synthèse, révolutionne la sculpture. Au fil d’une œuvre claire et dense, il impose un « méditerranéisme » puissant et solaire. Son atelier va accueillir et former de nombreux sculpteurs qui deviendront ses meilleurs épigones.

Alfons Mucha (1860 – 1939)
JOB, 1898
Lithographie sur papier.

Les deux conflits mondiaux, l’arrivée au pouvoir de Franco et l’exode des républicains espagnols et catalans en 1939, vont faire de ce territoire un lieu d’exil. Il faudra attendre l’après-guerre pour que Perpignan redevienne un lieu de villégiature prisé par les artistes et que soit revivifiée, au travers de l’expérience de Sant Vicens, la pratique des arts décoratifs. Ainsi, Raoul Dufy est accueilli par la famille Nicolau, Pablo Picasso est invité par les Lazerme et Jean Lurçat trouve en Firmin Bauby un mécène éclairé.

Aristide Maillol (1861-1944)
Ève à la pomme, 1899
Bronze, Alexis Rudier

Perpignan aujourd’hui

La guerre d’Espagne et la Retirada, font de Perpignan une terre exil et marquent l’oeuvre de nombreux artistes catalans : Antoni Clavé, Josep Grau-Garriga…

À l’instar de Jean Capdeville, des artistes comme Roger Cosme-Estève ou Patrick Loste continuent à faire du Roussillon une terre de création.

Patrick Loste (Perpignan, 1955)
Cavalier, 2016
Encre et pigments sur toile libre.

Infos Pratiques:

http://www.musee-rigaud.fr

 

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