Le mobilier 18ème aux sources du design

Le château de Versailles présente  les chefs-d’œuvre du mobilier de 1650 à 1789, comme autant d’exemples emblématiques de la richesse créative de cette époque. Portant sur le génie d’hier un regard d’aujourd’hui, elle met en relief le caractère novateur et précurseur du mobilier XVIIIe en matière de formes, de techniques, de décors et de matériaux. Aucune exposition sur ce mobilier exceptionnel n’a été réalisée depuis 1955.

L’Exposition « Le 18e aux sources du design, Chefs-d’Œuvre du mobilier 1650 à 1790 » sera présenté au Château de Versailles –  salles d’Afrique et de crimée du  21 octobre 2014 – 22 février 2015

Le 18e aux sources du design, Chefs-d'Œuvre du mobilier 1650 à 1790
Le 18e aux sources du design,
Chefs-d’Œuvre du mobilier 1650 à 1790

Une centaine de chefs-d’œuvres de mobilier issues des collections des plus riches amateurs d’art de l’époque – la famille royale et son entourage, l’aristocratie, les financiers – témoigne de la révolution que le XVIIIe siècle a opéré dans l’histoire du meuble. Tous les grands noms de la création d’alors sont représentés : André-Charles Boulle, Antoine-Robert Gaudreaus, Charles Cressent, Bernard II Van Risen Burgh, Jean-François Œben, Jean-Henri Riesener et George Jacob.

À côté des pièces majeures provenant des collections du château de Versailles, du musée du Louvre, du musée des Arts Décoratifs, du château de Fontainebleau, mais également du Getty Museum, des meubles non connus de collections privées sont présentés pour la première fois au public.

Le parcours de l’exposition conduit le visiteur à la découverte de l’évolution des formes : des grands cabinets du milieu du XVIIe siècle jusqu’aux lignes droites de la fin du XVIIIe siècle, en passant par le jeu des courbes du style Louis XV.

Commode Matthieu Criaerd
Commode
Matthieu Criaerd, sous la direction de Thomas-Joachim Hébert.
1742.
Exécutée pour la chambre de Madame de Mailly au château de Choisy.
© Musée du Louvre, Dist-RMN-GP / Thierry Ollivier

Dans une scénographie contemporaine et épurée, la profusion créative et les savoir-faire exceptionnels des créateurs de l’Ancien Régime sont dévoilés. À la différence de la peinture, le meuble ne se laisse pas seulement voir, il doit être interprété et expliqué. Tel un laboratoire optique, chaque pièce est présentée en tant qu’œuvre d’art et non comme une composante d’un décor homogène ; elle est expliquée grâce à différents outils visuels, allant de la loupe à l’imagerie numérique, qui permet de mettre en évidence son architect ure, son dessin, son épiderme, ou son estampille.

Des interventions de l’École Boulle permettent au public et notamment aux plus jeunes de comprendre le processus de naissance et de développement d’un meuble d’ébénisterie (une table à écrire) et de menuiserie (un siège). Le lien est ainsi établi entre patrimoine et tradition vivante des métiers d’art aujourd’hui.

Chaise François-Toussaint Foliot
Chaise
François-Toussaint Foliot
Vers 1780-1781
Exécuté pour le « pavillon du
Rocher » ou Belvédère du jardin du
Petit Trianon
© Château de Versailles, Dist.
RMN-GP / Christophe Fouin

Un XVIIIe siècle design

C’est en 1712 que Shaftesbury introduit dans la théorie de l’art le mot et le concept de design unifiant « le dessein » et « le dessin », le processus de conception et celui de mise en forme de l’œuvre. Pour la première fois, le mobilier est pensé, les meubles sont créés avec une intention particulière, la forme est adaptée à la fonctionnalité et au confort. L’élaboration du meuble au XVIIIe siècle s’inscrit bien aux sources du design, autant dans sa conception d’un projet global que dans sa recherche d’harmonie entre forme et fonction.

La transformation du mobilier accompagne l’évolution de la société du XVIIIe, où les commanditaires des grandes pièces de mobilier sont davantage désireux de confort et de luxe. La proximité du concepteur, architecte, ornemaniste (ancêtre du designer), et de l’artisan très qualifié annonce notre design d’auteur moderne.

Les marchands merciers jouent alors un nouveau rôle d’intervention égal à celui des décorateurs d’aujourd’hui, suggérant de nouvelles applications au mobilier.

Table à écrire attribué à Bernard II Van risen Burgh
Table à écrire
attribué à Bernard II Van risen Burgh (dit) BVrB (après 1696-1766)
Paris, vers 1745-1749
The Fine Arts Museums of San Francisco

Métamorphose du mobilier

La recherche sur les formes n’a jamais été aussi aboutie qu’au XVIIIe siècle, où la silhouette du mobilier se métamorphose. Des trésors d’inventivité se déploient et de nouvelles formes apparaissent : consoles, commodes, secrétaires en pente et en armoire. Le mobilier aux formes jusque là rigides prend des formes courbes, devient galbé, droit à pieds galbés, reposant sur quatre, six, huit pieds. Les pièces de mobilier se dotent de mécanismes et transformations, et peuvent combiner plusieurs usages.

Attribué à Riesener Jean-Henri
Commode  à quatre panneaux de mosaïque,
trophée trapézoïdal à trophée pastoral. après 1783
Attribué à Riesener Jean-Henri (1734-1806)
Origine inconnue, acquise pour Fontainebleau en 1804
(C) RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau)

Audace de matériaux et de couleurs

La même recherche caractérise les matériaux : les meubles se couvrent de bois exotiques, de laque, de vernis, d’écaille, de nacre, de bronze, de laiton, de plomb, de porcelaine, de paille, d’acier, de marqueterie de pierres. On s’assied sur du tissu, du jonc, du cuir. Devançant largement les audaces de couleurs des XXe et XXIe siècles permises par les matières plastiques, le XVIIIe a vu naître des meubles rouge, jaune jonquille, bleu turquoise, vert pomme, partiellement dorés ou argentés … on a aussi, à l’inverse, réduit la gamme colorée aux seuls noirs et or du laque et du bronze, aux seuls motifs naturels du matériau pur, comme l’acajou.

La nouveauté la plus considérable de l’histoire du mobilier français au XVIIe siècle est le développement de l’ébénisterie. C’est au début du XVIIe siècle que des artisans d’origine flamande ou allemande adaptent les techniques du placage, c’est-à-dire le fait de recouvrir le bâti d’un meuble avec une autre essence de bois. Utilisé en premier, l’ébène donne son nom à cette discipline dans laquelle s’imposent de nouvelles techniques, telle la marqueterie. En parallèle, de nouveaux matériaux contribuent à diversifier le décor : marbre, mosaïque de pierres dures, bronze doré…

En savoir plus:

http://www.chateauversailles.fr/

Vous aimez aussi