L’origine du carré Hermès

Le carré Hermès est un foulard en soie de forme carrée emblématique de la maison française Hermès, fondée à Paris en 1837.  L »entreprise était à l’origine une manufacture de harnais et de selles.

Tout juste un siècle après la création de la société par Thierry Hermès , Robert Dumas, directeur d’Hermès, réalise en 1937 le premier carré  avec le nom de Jeu des omnibus et Dames blanches, inspiré d’une sorte de jeu de l’Oie très populaire à l’époque. Le carré, un foulard en twill de soie de 90×90 cm est devenu un classique et une icône de la marque, très rapidement adopté par les célébrités comme Jackie Kennedy ou Grace Kelly.

Foulard Carré Hermes "Combats de coqs"
Foulard Carré Hermes « Combats de coqs »
galerie L’art du temps (c) Proantic

Depuis plus de 75 ans, des centaines de dessinateurs se sont consacrés à l’invention de motifs inédits pour renouveler sans cesse la création du carré Hermès. Avec plus de 1500 motifs sérigraphiés imaginées à ce jour, de nombreuses histoires ont été contées, narrant tour à tour l’attache d’Hermès à la mode, aux cultures, aux arts, aux traditions…

Le mouchoir imprimé, comme accessoire de mode féminine indispensable d’une l’époque, apparaît au XIXe siècle. Ce mouchoir, en grandissant se rapproche du foulard, pour devenir également masculin en se transformant en « mouchoirs de cou ».

carré hermes

Les soldats d’alors sont dotés de mouchoirs imprimés sur lesquels on trouve des motifs militaires, voir des instructions illustrées, pour les combattants analphabètes. Durant le début de la Première Guerre mondiale, les motifs imprimés sur le mouchoir de cou changent, y compris pour les femmes où ceux-ci prennent une inspiration militaire ou tout du moins masculine. Alors que les manuels d’instruction militaire sont rendu obligatoires vers 1937, les soldats étant censés savoir lire, Hermès va s’inspirer de cette tradition.

 Carré Hermes "ex libris"
Carré Hermes « ex libris » dans son emballage.
Galerie Cabotse (c) Proantic

À l’origine, les illustrations étaient proches du monde équestre et de la chasse comme Jumping ou La promenade à Longchamp, pour évoluer ensuite vers les animaux, les arts, l’épopée Napoléonienne, ou l’automobile, thèmes revenant régulièrement dans les collections, puis le sport en général avec par exemple une éditions pour les Jeux olympiques d’été de 1984.

De nos jours, les dessins sont très variés, du plus classique au plus contemporain comme les modèles En désordre, celui à base de graffitis et typographie, 24 H, Please check-in en 70 cm, ou le Magic Kelly comportant une illustration en trois dimensions, un autostèrèogramme .

Tous réalisés dans les ateliers de la région lyonnaise de la marque et signés « Hermès Paris », les carrés peuvent être sur des thèmes classiques comme Les Toits de Paris ou Souvenirs de ParisNoël au 24 faubourg, ou plus exotiques comme Kilim reprenant l’idée d’un tapis, Marché flottant du lac Inlé à l’inspiration asiatique, Indien Pani La Shar Pawnee, ou encore Perles du Kenya.

 Carré Hermes "ex libris"
Carré Hermes « ex libris »
Galerie Cabotse (c) Proantic

Technique de fabrication du carré Hermes

Les établissements Perrin tissent la soie depuis plus de 50 ans pour la maison Hermès. La soie est réceptionnée en fils bruts – en provenance du Brésil – puis les fils sont constitués en rouleaux de twill de soie, prêts à être imprimés.

Chaque saison, de nouveaux dessins sont créés. Les artistes dessinent des modèles de carrés sur une maquette grandeur nature peinte à la main sur carton.  Les coloristes choisissent les 8 à 10 teintes qui  composeront le carré, à partir d’un nuancier qui compte plus de 75 000 nuances issues de 40 « couleurs mères. L’illustration est ensuite envoyée aux ateliers de gravure.  Une fois la mise en couleurs des carrés réalisée, les tables d’impression impriment en continu.

Carré de soie de la maison "  HERMES " , modéle "  jeux de paille "
Carré de soie de la maison  » HERMES  » , modéle  » jeux de paille « 
Galerie Le Lys et l’Epée
(c) Proantic

A partir du dessin original, à la plume et à l’encre de Chine, au pinceau et à la gouache, le dessin est décomposé aux ateliers de gravure sur autant de films qu’il y a de couleurs, couleurs qui sont obstruée de noir, en vue de la photogravure.

On dépasse rarement le nombre de 40 teintes, et, avec le détourage ou “serti”, qui empêchera les couleurs de se chevaucher à l’impression, ce travail  demande entre huit cents et deux mille heures d’attention… Car de la qualité de la gravure dépendra la netteté de l’impression. Chaque film est ensuite encadré dans un châssis métallique puis enduit d’une gélatine photosensible selon le procédé de la sérigraphie.

Foulard Hermes
Foulard Hermes
galerie Bertrand de Metz-Noblat (c) Proantic

Pour finir la bande de soie subit plusieurs opérations de finition, dit d’ennoblissement, comme le fixage des couleurs, le lavage et le séchage. Enfin, le confectionneur effectue le roulottage, les bords sont roulés sur l’endroit du carré et cousus manuellement avec un fil de soie.

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